LEGISLATIVES : les associations de Protection de la Nature et de l'Environnement s'expriment.
Depuis 40 ans, la fédération régionale de France Nature Environnement (URVN-FNE PACA) fédère à travers son réseau d'unions et de fédérations départementales, les Associations de Protection de la Nature et de l'Environnement en Provence Alpes Côte d'Azur. Avec l'ensemble de ce réseau , l'URVN se mobilise dans le cadre des législatives pour faire connaître ses analyses, demandes et propositions.
Des courriers sont adressés aux candidats sur les questions des transports, de l'énergie en lien avec les gaz de schiste, et à propos de l'opposabilité des schémas régionaux. Deux dossiers locaux, le projet de Réseau de Transports d'Electricité en Haute Durance (05) et l'Opération d'Intérêt National de la Plaine du Var (06) viennent compléter ces thèmes généraux.
NOSTERPACA publie dans cet article les éléments de la partie « transports »
Le devoir des candidats aux élections : Imposer d’urgence des alternatives à la route pour un vrai report modal !
Les transports en région Provence Alpes Côte d’Azur constituent un enjeu majeur. En effet, la région dispose d’une position géographique stratégique puisqu’elle se situe à la croisée de deux axes de transport européens majeurs (grand axe logistique européen : Eurocorridor Benelux Espagne et du grand axe méditerranéen : Italie-Espagne), elle constitue la meilleure porte d’entrée maritime européenne sur la Méditerranée et dispose aussi d’une position remarquable pour le transport fluvial (delta du Rhône). Cela entraîne donc un fort trafic de marchandises ; en 2009, 175 millions de tonnes ont été transportées en PACA.
La région PACA est également une région très attractive (climat agréable, littoral, espaces naturels…) ce qui fait d’elle la 2ème région touristique française après l’Ile de France. Elle accueille également chaque année un grand nombre de nouveaux habitants, ce qui contribue également à augmenter les flux de déplacements.
Pourtant, la région cumule un retard de plus de 30 ans dans le développement des transports alternatifs à la route, tant sur le plan des infrastructures que sur l’aspect organisationnel, c’est le mode routier qui prédomine largement ! Concernant le transport de marchandises, le transport routier représente 91% des trafics, alors que le fer 7%, et le fluvial 2%. Concernant le transport de personnes, c’est la voiture individuelle qui prédomine encore largement dans les déplacements en particulier les trajets domicile-travail.
Ce modèle du tout routier entraîne de multiples conséquences négatives :
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une forte pollution atmosphérique. Les polluants les plus critiques en PACA sont les oxydes d’azote (NOx), les particules fines (PM), l’ozone (O3), mais on retrouve aussi le dioxyde de soufre (SO2), les métaux lourds, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)…. La France a été assignée devant la Cour Européenne de Justice pour non respect des valeurs limites de PM10 en 2007/2008/2009 dans plusieurs zones dont PACA. Il y a donc une très forte pression règlementaire sur la région, la France risque de payer 8 à 30 M€ d’amende et 300 000 € par jour d’astreinte journalière en cas de condamnation. Il y a donc urgence à diminuer les émissions !
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de fortes émissions de Gaz à Effet de Serre qui participent au réchauffement climatique : PACA est la 3ème région française la plus émettrice de GES ;
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la congestion des axes de transport, et des points noirs du réseau, sur les axes littoraux (Vintimille…), dans la vallée du Rhône, dans les grandes agglomérations ;
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des nuisances multiples : bruit, stress, détérioration du cadre de vie,
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du gaspillage d’énergie, un recours massif aux énergies fossiles ;
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l’utilisation abusive de l’espace, une fragmentation des espaces naturels ;
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coûts financiers très important pour la société si l’on prend en compte l’ensemble des impacts du routier…
A cause de ce déséquilibre en faveur de la route, la région PACA est aussi particulièrement en retard en infrastructures permettant le développement des modes alternatifs :
- mauvais entretien du réseau ferré, manque d’investissement pour le développement du réseau (signalisation, électrification des lignes, ligne nouvelle, dessertes supplémentaires, réouvertures de lignes…)
- manque d’infrastructure pour le développement des transports en commun de proximité et modes doux : voies réservés au bus et car, parking relais, pistes cyclables…
Mais la question des transports en PACA ne se résume pas aux infrastructures ! C’est aussi le manque de volonté politique des élus, le manque de coordination entre les différentes Autorités Organisatrices des Transports et plus généralement entre l’ensemble des acteurs du secteur des transports, le manque de capacité effective de production ferroviaire… qui participent à créer cette situation !
Arrêter les beaux discours et mettre en œuvre des actions concrètes pour sortir du tout routier et faire réellement du report modal !
Les transports en PACA, marqués majoritairement par une prédominance du routier, ont de fortes répercussions sur les hommes et l’environnement et constituent donc un enjeu sanitaire et environnemental très important. Pour l’URVN FNE PACA, il est indispensable ce sujet soit mis à l’ordre du jour des débats menés lors des élections, et que les futurs candidats aux élections législatives et présidentielles apportent des solutions réalistes et concrètes.
Concernant le transport de personnes, l’URVN FNE PACA propose de :
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réduire le besoin même de déplacement en repensant la ville notamment en rapprochant les habitations des espaces économiques, des pôles d’emploi pour limiter les déplacements domicile travail, en limitant l’étalement urbain en densifiant la ville, et en urbanisant les dents creuses et les friches urbaines tout en veillant à préserver des espaces de respiration dans les villes, afin d’améliorer la qualité de vie….
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contraindre l’usage de la voiture en créant des zones dans les centres villes interdites aux voitures, en restreignant le stationnement en ville, en mettant en place des journées sans voiture…
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renforcer l’armature ferroviaire : il n’est pas normal que certaines parties du territoire régional soit encore si mal desservie et que le quotidien de milliers d’usagers des TER soit synonyme de galère ! Nous demandons un réseau ferroviaire régional maillé, des trains cadencés, des gares interconnectées avec les transports urbains et équipées en matériels (abris, quais, système de communication...) et en personnel. Il faut rénover et adapter les infrastructures pour respecter les horaires et permettre l’augmentation des capacités, réaliser les dessertes supplémentaires sur les territoires, augmenter les capacités par adjonction de voitures, de rames, rouvrir certaines lignes. Nous réaffirmons donc notre intérêt pour une nouvelle infrastructure sur le littoral PACA qui ne se résume pas à une ligne grande vitesse mais qui soit conçue prioritairement pour répondre aux enjeux européens, nationaux, régionaux et locaux à la fois, pour relier de manière satisfaisante les métropoles régionales et pour offrir des dessertes à tous les habitants de PACA dans leurs déplacements.
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développer massivement les transports en commun : en mettant en place des réseaux dotés d’engins plus propres de type tramway, métro, BHNS (Bus à Haut Niveau de Service), des aménagements de voirie permettant de faire circuler les bus en site propre, des dessertes cohérentes assurant un bon maillage du territoire, des horaires cadencés, une billetterie unique avec harmonisation tarifaire des différents réseaux présents sur un même territoire, des supports de paiement offrant un environnement de service, une information usager performante…
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investir massivement dans les modes doux : créer des pistes cyclables séparées de la route dans toutes les villes de la région, développer des services de location de vélos en libre service ou non mais à des prix très accessibles, équiper l’ensemble des bâtiments publics, sportifs, culturels de parking à vélos...
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mettre en place une coordination des AOT sous la forme notamment de syndicat mixte, qui permettront de mettre en œuvre des politiques centrées sur des objectifs partagés pour développer la multimodalité.
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changer les mentalités et sensibiliser les citoyens pour ringardiser la voiture et au contraire redorer l’image des modes actifs !
Concernant le transport de marchandises, l’URVN FNE PACA considère que le report modal pourra s’opérer si :
De nouvelles infrastructures sont crées et que l’existant est modernisé
* la réhabilitation de la ligne ferroviaire du val de Durance avec un débouché sous le Montgenèvre vers l'Italie est réalisée car elle constitue un enjeu majeur pour le report modal en PACA,
* la modernisation de la signalisation sur la ligne Fos-Vigueirat est réalisée le plus vite possible afin de permettre l'augmentation des capacités de cette ligne,
* le raccordement de Marseille à l’autoroute ferroviaire (Perpignan-Bettembourt)la préservation du triage ferroviaire de Miramas et plus globalement des sites ferroviaires permettant de réorganiser à termes la logistique urbaine,
* la création de terminaux combinés permettant concrètement de pouvoir développer l’intermodalité et de faire la jonction entre mer, fer, et fleuve,Des coopérations entre acteurs sont mise en place
* à l’image du transport de voyageur, une coopération entre les acteurs du transport de marchandises (chargeurs, transporteurs, collectivités, Etat, citoyens..) est créée afin de pouvoir faire des choix cohérents, présenter une alternative efficace au routier et concevoir une offre adaptée aux besoins du territoire et un service fiable,
* une communication de cette offre est réalisée, et qu’une sensibilisation et une information des chargeurs soient effectuées pour la faire connaître,
Des mesures fiscales sont appliquées
Une politique volontariste est mise en oeuvre
* des obligations de report modal sous forme de quotas à respecter, soient imposées aux chargeurs au travers de clauses spéciales intégrées dans les contrats entre eux et Grand Port Maritime de Marseille afin de les obliger à utiliser, lorsque l’offre existe, les modes de transports alternatifs,
* pour lutter contre l’inexistence de l'outil opérationnel adapté, des opérateurs ferroviaire de proximité (OFP) sont crées sur certaines zones (en particulier le Grand Port Maritime de Marseille) afin d’assurer la gestion du service fret des dessertes locales,
* toute nouvelle installation logistique fait au préalable l’objet d’un embranchement ferroviaire,
* les documents d’urbanisme intègrent l’enjeu logistique urbaine et préservent les sites notamment pour l’implantation de plateformes logistiques,
Des investissements sont faits pour développer les modes alternatifs
* le cabotage et les autoroutes de la mer sont développés,
* on arrête d’investir dans le routier : l’URVN FNE PACA est opposée à la création de toute nouvelle infrastructure de type autoroutière et s’oppose aux projets tels que l’A56 Fos-Salon, le contournement d’Arles…
* un rééquilibre financiers est opéré et que le mode routier paye les coûts externes (Taxe Kilométrique Poids Lourds),
* la THC « Taxes Handling Charges » (T.H.C.) fluviale est supprimée et qu’une THC unique est mise en place afin de ne pas désavantager les modes alternatifs au routier.
L’URVN FNE PACA demande vivement que ces propositions soient prises en compte par les candidats aux élections, et que les prochains élus puissent adopter une politique volontariste dans le domaine des transports en les appliquant.