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LA VOIX DE NOSTERPACA

PETIT CONTE DE PRINTEMPS (ou comptes de mécontents …?)

6 Mars 2011 , Rédigé par nosterpaca Publié dans #DOCUMENT

 

Le débat pour l'inscription de la liaison Marseille/Val de Durance/Italie dans le SNIT se poursuit, cette fois sous une forme assez originale ...

 

Un jour, avant Grenelle,  comme Hannibal, des grands vizirs eurent à choisir entre une traversée  septentrionale ou méridionale des Alpes.
 Il y eu force palabres.
Le baril ne coûterait pas beaucoup plus de 60 USD
Le trafic total de marchandises ne pouvait que croître et embellir avec la mondialisation.
Le réchauffement climatique: balivernes de soixante-huitards attardés.
Paris était le centre du monde.
La Suisse était infranchissable du Nord au Sud.
Les franchissements septentrionaux allaient être saturés.
Les routiers étaient sympas, sauf quand ils bloquaient les raffineries en novembre parce que l'on avait parlé d'une taxe poids lourds.
A part quelques bonnes catastrophes en tunnel ou effondrements ci et là, les trafics croissaient de façon exponentielle et rien ne permettait de douter que ces magnifiques courbes ne grimpassent jusqu'au ciel.
Les italiens, partenaires idéaux pour les colloques et banquets, promettaient, de mettre la main à la poche de façon conséquente.
Le projet septentrional ne couterait qu'une dizaine de milliards, peccadille.
Le projet méridional n'était, par essence, pas crédible, car méridional.
Les finances publiques n'allaient pas très bien. Heureusement qu'un malin avait inventé la poudre de Perlimpinpin (PPP).

Une dizaine d'années plus tard, les mêmes grands vizirs devaient choisir définitivement.
Mais le contexte avait changé
Le baril frôlait 120 USD et certains parlaient de 200 ou plus.
Hors une crise passagère qui fit baisser tous les trafics, le trafic total transalpin baissait fortement au Nord et ne cessait de croître au Sud .
Les soixante-huitards étaient tous en retraite ou pire. Malgré cela, la banquise commençait sérieusement à fondre.
Grenelle avait promis....
Paris n'était plus tout à fait le centre du monde.
La Suisse était franchissable sans problème entre Nord et Sud par un, puis bientôt deux, magnifiques tunnels. Du coup les franchissements septentrionaux retrouvaient une grande réserve de capacité, sans besoin de travaux. Par contre, saturation dans le Sud.
Les routiers étaient toujours aussi sympa. Toujours pas de taxe poids lourds (en France)
Les terres continuaient à boucher les axes de circulation.
Les courbes de trafic restaient exceptionnelles; mais en baisse pour le Nord.
Les italiens toujours aussi adorables, n'avaient pas déboursé un sou et continuaient les belles paroles. Ah, la langue de Dante!
Le projet septentrional couterait deux fois et demi le coût initialement prévu; mais un peu de patience, il y avait de la marge, on avait pas encore atteint le facteur PI. Le projet méridional ne coutait que le dixième de l'autre, soit l'équivalent des études du septentrion. Une preuve de plus que c'était une galéjade. Vraiment pas sérieux ces méridionaux.
La France était à un tel point de déficit qu'un peu plus un peu moins! Le PPP était  toujours là pour pérenniser les dettes jusqu'à la génération de nos arrières petits enfants. Et puis les contribuables n'avaient qu'à payer les décisions parfaites de leurs dirigeants ( j'allais dire responsables)

Et au final que pensez-vous qu'il advint?
On prit le plus cher et le moins utile. Savez pourquoi? Car, dans le cadre de Grenelle, comme il n'y aurait pas de trafic, on pourrait y cultiver les champignons ( de Paris bien sûr).

Pour illustrer ce conte, le tableau ci-après indique le trafic fret aux passages des Alpes, la part du ferroviaire et les capacités ferroviaires existantes :

article Pierre CALFAS partie photo

 

Les graphes montrent de façon évidente:
                     - la totalité du trafic fer n'utilise que 15% de la capacité au Nord, ce qui devrait conduire à attendre de voir l'évolution moyen terme avant de réaliser Lyon-Turin,
                     - l'amélioration des accès au Mont-Cenis porteront sa capacité à 18Mt, capable d'absorber la quasi-totalité (Route+fer, transit et local) du fret. Soit une part modale ferroviaire de près de 100% (un rêve),
                     - à l'inverse, ne rien faire au Sud revient à pérenniser une part modale routière de 100%, sans compter les risques pour les riverains et tout particulièrement ceux d'un littoral fortement urbanisé.

 

 

 

Texte et images de Pierre CALFAS

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