L'OUEST DE L'ETANG DE BERRE: UN TERRITOIRE D'AVENIR INDUSTRIEL
Journée de travail à Martigues le 15 novembre 2010
Les communautés de communes de Ouest Provence et du Pays de Martigues avaient lancé une large invitation aux différents acteurs économiques, sociaux et associatifs de l'Ouest de l'Étang de Berre afin d'échanger et de débattre des enjeux du développement industriel de ce territoire, ceci dans le cadre du SCOT(Schéma de Développement Territorial) de l'Ouest de l'Étang de Berre. Des élus de ce territoire, maires et sénateurs notamment, mais aussi conseillers généraux et conseillers régionaux ont participé, nombreux, à cette journée. Il y avait également de nombreux représentants patronaux et de chambres patronales ainsi que des représentants syndicaux. Le grand port maritime de Marseille était également bien représenté. Des associations de défense de l'environnement ont également participé à cette journée.
Des membres de NOSTERPACA étaient parmi les participants à des titres divers. En effet, qu'il s'agisse tant du transport ferroviaire des voyageurs différentes villes de l'Ouest de l'Étang de Berre que du fret provenant du GPMM, NOSTER PACA se devait d'être présente à ce rendez vous important pour l'avenir industriel de notre région et par conséquent pour l'avenir des populations qui y vivent.
La journée a été ouverte conjointement par le maire de Martigues et le président d'Ouest Provence
M.Gaby CHARROUX, maire de Martigues, a insisté sur la forte caractéristique industrielle de ce territoire, rappelant que, dés l'origine de la zone industrielle, des espaces importants avaient été réservé pour le développement industriel. De leur côté les municipalités ont du faire de lourds efforts pour mettre en place les services publics nécessaires aux côtés de l'État: écoles, services de santé, etc. Mais la stratégie industrielle de la France, qui a permis l'installation dans cette zone d'un tissu industriel de base puissant, n'a pas eu de continuité. Aujourd'hui, l'aspect financier domine au détriment de l'industrie qui seule peut assurer un ancrage de notre pays dans la modernité. Nous devons réaffirmer le droit au travail pour tous. Nous devons aussi défendre une écologie qui puisse se marier à l'industrie et non être une arme de combat contre elle.
Bernard GRANIER, président d'Ouest Provence a en suite pris la parole pour souligner la dimension historique de certaines implantations industrielles dans les communes du pourtour de l'Etang de Berre. Toutefois il a rappelé que ces mêmes communes étaient oubliées, se situant un peu trop loin du centre névralgique qu'est Marseille. Notre territoire dit-il ensuite a besoin de beaucoup d'investissements au moment où on nous enlève la taxe professionnelle. Cela est un handicap pour le développement futur des collectivités quelle que soit leur appartenance politique.. Il est vrai que le port a fait des efforts pour le contournement de Miramas. Mais nous avons besoin d'améliorer la desserte des commune et les voies autoroutières. Le préfet doit réunir une conférence régionale sur l'industrie, c'est un signal positif car l'industrie ,ici, est au cœur de notre vie.
M.SPAZZI, directeur de l'aménagement du GPMM, représentait Jean-Claude TERRIER, président du GPMM (Grand Port Maritime de Marseille). Il a rappelé tout d'abord quelle était l'ambition de Marseille et de son port au moment du lancement de l'opération d'aménagement de FOS : devenir le Rotterdam du sud de l'Europe, avec un territoire de 10 000 ha et 25 kms de façade maritime pour asseoir ce développement. Il s'agissait de tapisser d'industries ce territoire avec une stratégie de filières reposant sur les industries lourdes. Depuis 2000 nous avons assisté à de nouveaux investissements de l'ordre de 2 à 3 milliards d'Euros. Nous avons connu un développement de la logistique ainsi que de l'énergie avec le terminal méthanier et le stockage du gaz. Des fragilités existent certes, dans la sidérurgie comme dans le pétrole (raffinage). Nous avons cependant des perspectives majeures dans les containers et la logistique, de la logistique industrielle en particulier. Nous espérons un fort développement du côté de l'énergie. L'industrie du bâtiment et des travaux publics présente également des possibilités de développement importantes. M.SPAZZI détaille ensuite les principales forces et faiblesses du port : sur le plan nautique, c'est le meilleur port en Méditerranée, il possède un potentiel foncier important, un positionnement géographique privilégié avec une connexion au Rhône. Les faiblesses concernent les liaisons autoroutières, une image sociale dégradée mais aussi les incertitudes pesant sur la sidérurgie et la pétrochimie. Il existe par ailleurs un réel enjeu sur l'environnement.
Le vice- président de la CCI d'Arles succède à M.SPAZZI et se dit préoccupé par les rapports de notre pays avec les pays de la rive sud de la Méditerranée, Il rappelle, à son tour, l'importance des réserves foncières de la ville d'Arles et cite ensuite plusieurs entreprises industrielles qui restent implantés dans sa commune.
M. Jacques PFISTER, président de la CCIMP prend en suite la parole en rappelant l'organisation par le préfet de la région PACA des assises de l'industrie qui doivent se tenir à Luminy le 17 novembre, il rappelle également l'appel lancé à Gardanne pour un développement durable. Il pose ensuite un diagnostic autour de 4 constats:
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L'industrie recule dans notre pays,
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L'emploi industriel crée des richesses,
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Les B du Rh régressent plutôt moins vite que les autres départements en terme d'industries,
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Nous avons des industries diversifiées mais peu de centres de décision, avec une zone portuaire ayant des atouts mais en difficulté.
Il énonce en suite une série de propositions:
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Préparons notre mutation industrielle et logistique,
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Rendons plus compétitives nos PME,
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Les collectivités et la CCI se doivent d'encourager les conditions pour le développement,
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Réalisons les contournements autoroutiers nécessaires,
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Faisons en sorte que nos élus, en particulier marseillais,interviennent plus, et plus efficacement à Paris, (ceci a été dit avec insistance par M.PFISTER)
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Le ferroviaire est indispensable mais il ne peut résoudre tous les problèmes,
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Les PMI ont besoin d'être accompagnées dans le domaine de l'innovation,
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Il faut bâtir ensemble une formation professionnelle plus adaptée aux besoins des entreprises,
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Nous avons dans notre portefeuille de grands projets,
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Il nous faut pacifier les relations sociales,
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Développer un patriotisme territorial,
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La TVA, comme unité de localisation, les industriels y sont favorables,
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Nous avons besoin de renforcer notre jeu collectif dans les transports, les universités, la culture en particulier.
En conclusion de son intervention, M.PFISTER indique que Marseille a oublié son industrie, contrairement à son environnement.
Christophe ASTANER, Vice-président du Conseil Régional, en charge de l'emploi et de la formation professionnelle interviendra en situant les enjeux industriels sur le long terme et dans le cadre d'une économie globalisée où l'existence des pays émergents pose la question de quelle industrie pour la France? Il nous faut, dit-il, réinventer la prospective, notamment quant au ferroviaire, en s'appuyant sur l'enjeu que représente l'avenir de Miramas. Il dénoncera les exigences de rentabilité des capitaux par la finance internationale.
Trois ateliers ont ensuite été proposés aux participants:
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Sidérurgie/mécanique
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Raffinage/pétrochimie
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Aéronautique/avionique
Le compte-rendu qui suit, porte sur l'ensemble de ces trois secteurs.
Le débat sur ces industries est lancé par un exposé sur la situation de ce secteur par deux chercheurs de l'IEP d'Aix-en-Provence, Parina HASSANALY et Roland RIZOULIERES.
Le raffinage, disent-ils est un modèle intégré. Il existe actuellement et depuis longtemps, une surcapacité de raffinage en Europe. A cette surcapacité initiale s'est ajoutée les conséquences de la crise actuelle. Ils indiquent que le raffinage français est d'un coût supérieur de 25 % au coût moyen européen.
Une question se pose : quels investissements faut-il faire pour rester dans une zone de rentabilité et de compétitivité ? Nos outils de raffinage sont anciens et leur technologie n'est pas aux normes. Pour un modèle intégré, il doit y avoir une articulation des pipes au niveau européen. Par ailleurs, il faut suivre les évolutions de la pétrochimie. Elle s'oriente de plus en plus vers le gaz, cela donne un avantage compétitif aux pays producteurs. Cela ne devrait cependant pas poser de problème pour un port comme Lavera.
En ce qui concerne la sidérurgie et la mécanique, il est noté la forte présence d'ARCELOR et d'ASCOMETAL, avec les exportations d'aciers plats, dont plus de 30 % se font par la voie maritime. Ce territoire restera un territoire d'avenir pour une sidérurgie les pieds dans l'eau. Il y a, peut-être quelques inquiétudes à avoir pour ASCOMETAL suite à la prise de contrôle par des capitaux russes. Il existe un problème de reconversion du personnel avec une exigence d'accroissement des qualifications. La question des PME qui assure la maintenance doit être également posée.
Pour ce qui est de l'aéronautique et de l'avionique, Istres est pourvu d'un centre d'essai en vol performant où l'on trouve Dassault et la SNECMA. Il existe une dynamique de position avec des pôles de compétitivité.
Les deux intervenants souligneront ensuite la forte interactivité qui existe entre les trois secteurs d'activité susnommés et la logistique. Ils insisteront sur le caractère indispensable d'une logistique puissante qui se doit de prendre en compte un développement du ferroviaire à l'échelle européenne.
Comment devenir la porte du sud alors que 60 % du trafic des containers passe par l'Europe du nord. Plusieurs questions nourriront par la suite les débats.
Les conclusions de cette journée ont été tirées par Bernard Granié qui a pointé la nécessité d'adapter la formation et de développer l'approche R & D. Il a également fait la proposition de transformer les 3 ateliers en commissions permanentes et insisté pour donner priorité à la desserte routière de la ZIP. Car l'urgence et l'objectif aujourd'hui c'est le contournement routier pour limiter le trafic PL à travers les agglomérations riveraines de la ZIP.
Il a lancé un message en direction des représentants des syndicats qui doivent, selon lui, développer leur capacité à se mettre autour d'une table et aussi un appel à améliorer la concertation : "notre territoire ne mérite pas ça, ...nous devons jouer collectif le développer tous ensemble."
Pour les membres de notre association présents, les débats de cette journée ont été perçus comme extrêmement important pour l'avenir du ferroviaire et du fret dans notre région. Il est aussi à noter le poids de ceux qui portaient ces débats, notamment les représentants patronaux des divers secteurs (la SNCF apparemment n'était pas représentée)
Il convient cependant de se demander comment une telle puissance patronale appuyée par des élus locaux représentants des communautés de communes clés pour l'avenir industriel de notre région, n'ont pu imposer la nécessité du tunnel du Montgenèvre ?