Consultation publique PCAEM Métropole Aix-Marseille-Provence
Le PCAEM, Plan Climat-Air-Energie de la Métropole Aix-Marseille-Provence, était soumis à une consultation publique du 8 septembre au 8 octobre 2021. Membre du réseau FNE, NOSTERPACA a contribué pour les parties mobilité à l'avis déposé par la fédération régionale FNE.
synthese de l’avis
Le PCAEM a bien cerné les enjeux climat-air-énergie de la Métropole Aix-Marseille et s’est fixé des objectifs très ambitieux… mais seulement à horizon 2050. Ainsi, l’ensemble des efforts permettant de réduire drastiquement les émissions de GES, les consommations d’énergie et les émissions de polluants atmosphériques sont reportés à partir de 2030, ce qui est inadmissible au vu de l’urgence climatique.
Le plan d’action ne semble pas à la hauteur de ces ambitions pour atteindre lesdits objectifs : simple description, peu d’explication sur la mise en œuvre, manque de données sur le calendrier ou le financement des actions, budgétisation qui paraît parfois aléatoire, actions non opérationnelles… Ce PCAEM ressemble finalement plus à un catalogue d’actions fourre-tout qu’à une véritable stratégie territoriale de transition écologique et énergétique.
Nous nous questionnons également sur la prise en compte des avis qui seront issus de cette consultation du public, qui survient deux ans après la présentation du projet de PCAEM en 2019 et alors même que la Métropole annonce avoir engagée plus de la moitié des actions mentionnées dans le plan.
Nous demandons à ce que les objectifs et le plan d’action du PCAEM soient mieux précisés avant son adoption. Les enjeux sur ce territoire central sont immenses et la Métropole se doit d’être exemplaire via son Plan Climat et les actions qu’elle met en œuvre sur le terrain.
détail de l’avis
remarques sur la strategie
Bien que les grands enjeux de la transition énergétique aient été compris, les points de passage de la trajectoire choisie par la métropole restent trop peu ambitieux, notamment à l’horizon 2025, qui constitue le cadre réglementaire du plan climat. Il semble que les efforts les plus importants soient repoussés au deuxième pas de temps choisi (2025-2040), date à laquelle le présent PCAET ne sera plus valide. Nous regrettons ce choix irresponsable et injustifié : en effet, la quasi-totalité des anciennes intercommunalités de la métropole disposaient déjà d’un PCET avant la création de la métropole. Le pas de temps 2020-2025 censé mobiliser les forces vives a donc en réalité été déjà engagé.
Nous regrettons par ailleurs le choix d’un scénario dont les objectifs sont en deçà de ceux du SRADDET aux horizons 2025, 2030 voire 2050. Ces écarts sont particulièrement frappant en ce qui concerne les émissions de GES[1] et les émissions de polluants. Les objectifs du SRADDET sont régionaux et ont été déclinés par territoire dans des fiches SRADDET territorialisées.
Le scénario plan climat choisi contient cinq ambitions, qui reprennent dans l’ensemble les objectifs stratégiques et opérationnels définis réglementairement (réduction des GES, renforcement du stockage du carbone, maîtrise des consommations d’énergie, production et consommation d’énergies renouvelables, adaptation au changement climatique, etc.). Cependant, on peut critiquer deux points : d’une part, on ne peut parler de « métropole à énergie positive » (ambition 3) que si celle-ci produit plus que ce qu’elle consomme, ce qui n’est pas le cas puisque le taux de couverture visé est de 100%. D’autre part, l’ambition 4 porte sur la réduction de l’exposition de la population aux pollutions atmosphériques. A nos yeux, il est plus intéressant de se focaliser sur la réduction des émissions et des concentrations de polluants, comme cela est stipulé dans les objectifs stratégiques et opérationnels définis réglementairement, tout en gardant le paramètre d’exposition en plus.
Plus globalement, nous constatons un décalage entre l’ambition portée dans la stratégie et les 100 actions déclinées dans le plan d’action qui apparaissent pour la grande majorité comme des mesurettes dont beaucoup ne sont pas quantifiées ou bien constituent seulement des études (action 3, 12, 20, 21, 22, 71, 74, …).
Ambition 1 neutralité carbone
Nous attirons l’attention sur le fait que la neutralité carbone doit prioritairement passer par une réduction des émissions de GES – complétée si besoin par une augmentation de la séquestration carbone), et non l’inverse. Par ailleurs, la séquestration naturelle est à privilégier au détriment de la séquestration technique. Correctement réalisée, la séquestration naturelle – nature en ville, lutte contre l’étalement urbain, gestion raisonnée des forêts - est synonyme de co-bénéfices : maintien des capacités agricoles, source de biodiversité, amélioration du bien-être, etc.
L’idée d’une plateforme de compensation carbone est intéressante, si tant est qu’elle ne devienne pas une solution privilégiée par les acteurs locaux leur évitant de réduire leurs émissions.
Le diagnostic montre le poids prépondérant de l’industrie dans les émissions de GES sur la métropole (67%). Or, la métropole ne s’engage que timidement sur ce sujet avec seulement 3 actions (27, 35, 37) concernant ce secteur et un budget qui est consacré ne représentant qu’un peu plus de 2% du budget total. Pourtant, dans la stratégie, le document Erratum fait état d’un effort très important à réaliser pour le secteur industriel (-85% d’émissions de GES). Bien que la métropole n’ait pas d’emprise sur les industries, des incitations pourraient être envisagées pour produire des effets positifs.
AMBITION 2 reduction des consommations
Nous regrettons le manque de lisibilité des objectifs en matière de rénovation du bâti résidentiel. Les objectifs de rénovation (construction avant 1970 et construction avant 2012) sont exprimés à différents horizons. Par ailleurs, les objectifs pour le tertiaire sont exprimés en consommation primaire annuelle d’énergie par rapport à 2012 alors que les objectifs du décret « tertiaire » de 2019 sont exprimés en consommation d’énergie finale par rapport à 2010.
Nous saluons cependant plusieurs orientations prioritaires mentionnées et espérons que celles-ci seront réellement mises en œuvre :
- la prise en compte des consommations liées à la climatisation et les dispositifs passifs alternatifs
- la mise en place de ZFE[2]
- la multiplication de l’offre de transport en commun et le report modal vers des modes actifs pour les trajets courts
- le report modal vers le réseau ferré pour le transport de marchandises.
Ambition 3 production enr 100%
La métropole porte l’ambition de couvrir 100% de ses consommations en énergie renouvelable et de récupération (EnR&R) ce qui est louable. L’objectif nous semble très ambitieux au regard du territoire et peu atteignable si l’on s’en tient au plan d’action. L’objectif 100% EnR&R semble plus envisageable à l’échelle régionale, où le mix est plus diversifié notamment grâce à l’hydroélectricité. Concernant le scénario PCAEM proposé dans le graphique, celui-ci mériterait d’être détaillé dans un tableau chiffré, expliquant pour chaque énergie renouvelable les capacités à installer (comme cela a été fait dans la description du scénario SRADDET). La part du solaire thermique reste très faible ce qui est regrettable compte-tenu du potentiel de notre région et du rendement énergétique de cette technologie.
Ambition 4 reduction de l’exposition aux polluants
Nous saluons la volonté de la métropole de travailler en cohérence avec le PPA et le plan de prévention bruit.
L’ambition a pour titre la réduction de l’exposition mais les objectifs sont exprimés par rapport aux émissions. Il est important de distinguer correctement les deux termes et de se fixer des objectifs pour ces deux paramètres.
Les objectifs de réduction des PM2,5 sont notés dans les tableaux chiffrés mais non détaillés. On ne sait donc pas quels secteurs devront réduire leurs émissions pour atteindre cet objectif de -25% en 2030.
Concernant l’industrie, les objectifs de réduction des émissions sont très faibles - voire nulles à l’horizon 2025 pour le soufre – alors même que « les secteurs industriels et énergétiques combinés sont responsables de la majeure partie des émissions de polluants sur le territoire de la Métropole (58%) » selon le diagnostic.
De manière globale, les objectifs chiffrés du PCAEM sont en deçà du scénario SRADDET à horizon 2030 pour l’ensemble des polluants sans justification aucune.
Par ailleurs, selon la métropole, l’absence de politique volontariste sur la question de la logistique va amener à une augmentation des émissions de GES. Toujours selon la métropole, une telle politique est du ressort du national voire supranationale. Nous tenons à noter ici que la Métropole, via le foncier et donc son PLUi a un rôle à jouer pour limiter l’expansion des plateformes logistiques par exemple.
Il est fait état d’un report modal de 10% vers le train pour le transport de marchandises. L’horizon n’est pas précisé et on ne comprend pas si ce chiffre est une prévision ou bien un objectif.
Ambition 5 adaptation au changement climatique
L’ambition 5 porte sur l’adaptation aux impacts du changement climatique et concerne ainsi de nombreux secteurs : aménagement du territoire, infrastructures, gestion de l’eau, évolutions des espèces et des milieux, sensibilisation des acteurs socio-économiques, etc. Les engagements de la Métropole autour des îlots de fraîcheur, des bâtiments bioclimatiques, de la gestion de la ressource en eau, etc. sont pertinent
remarques sur le plan d’action
Sur l’ensemble du plan d’action :
Le plan d’action comporte de nombreuses études, toutes plus ou moins chiffrées à 50 000€, ce qui questionne sur le sérieux des actions proposées et sur la contribution du plan d’action à la réduction des GES et des consommations d’énergie. Par exemple, l’action 12 intitulée « Lutter contre les Ilots de Chaleur Urbain (ICU) » est en fait une étude à 44 000€ sans réelle opération de terrain, comme la création d’îlot de fraîcheur par exemple. Nous comprenons la nécessité d’étudier avant d’agir, mais de nombreuses données existent déjà sur certains sujets évoqués dans le plan d’action et d’autre part, nous pensons que certaines études devraient être suivies d’actions concrètes dès le pas de temps 2020-2025.
Concernant les fiches actions, nous souhaitons insister sur le manque d’objectifs chiffrés. De plus, certaines actions ne sont pas complétées en intégralité (calendrier prévisionnel, éléments financiers, etc.). 18 actions ne sont pas budgétées par exemple.
Sur les aspects financiers :
La moitié du budget prévu dans le plan d’action concerne l’axe 3 « offrons de vraies alternatives pour une mobilité durable », et un quart pour l’axe 4 concernant l’activité économique et industrielle.
Figure 1 Répartition du budget par axe (hors action 17 hors budget PCAEM)
Bien que ces deux axes soient primordiaux compte-tenu du diagnostic établi, cela laisse très peu de budget pour la dizaine d’autres axes restants, et notamment pour l’axe 6 dans lequel se trouve la partie « rénovation du bâti », action indispensable pour réduire les consommations d’énergie.
Les 100 actions proposées dans le plan d’action manquent d’explication sur leur mise en œuvre. En effet, le document explique souvent le « pourquoi » mais beaucoup moins le « comment », ce qui interroge sur l’application effective de ces actions. Par ailleurs, les tableaux donnant les éléments de suivi (pilotage, calendrier, éléments financiers, indicateurs) sont parfois incomplets, il faudrait donc les compléter.
Axe 6 impacts air, energie, bruit equipements & bati
Action 49 : Les actions proposées par le SMED 13 sont intéressantes. Le schéma et les préconisations de rénovation du parc d’éclairage devront impérativement concilier la réduction des consommations d’énergie et la lutte contre la pollution lumineuse (par exemple, privilégié des LEDs ambrées plutôt que des LEDs classiques dont la couleur est plus froide et plus impactante pour la biodiversité). Il conviendra donc de respecter scrupuleusement les prescriptions techniques de l’arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses (orientation, intensité, température de couleur de la lumière, densité surfacique de flux lumineux installé…). Des actions complémentaires sont à prévoir pour sensibiliser les maires des communes de la Métropole concernant leur rôle de pouvoir de police quant au respect de cette réglementation notamment pour les mesures d’extinction (parcs et jardins, patrimoine et cadre bâti, commerces et bureaux (dont vitrines), parkings non couverts liés à une zone d’activité, chantiers extérieurs). La Charte lumière devra donc être revue en tenant compte des points mentionnés ci-dessus et dans une logique de préservation des continuités nocturnes. Par ailleurs, les changements d’éclairage devront se faire en étroite collaboration avec les habitants pour éviter les frustrations ou incompréhensions.
Action 52 : action très intéressante que nous saluons. La sensibilisation des gestionnaires est essentielle, et notamment des personnes en charge des marchés publics. Lors de nos actions de sensibilisation à la qualité de l’air dans des ERP, nous avons constaté que les produits d’entretien sont souvent le problème n°1 évoqués par le personnel en matière de pollution de l’air et de risque pour leur santé. Or, le personnel n’a pas la main sur le choix des produits achetés, ceux-ci dépendant de marchés publics établis pour plusieurs années. Il conviendra donc de travailler cette question spécifique ainsi que sur les normes de gestion (comme ne pas jeter tous les produits en fin d’année scolaire par exemple).
Axe 7 energies renouvelables et de recuperation
L’axe 7 portant sur la production d’énergies renouvelables et de récupération est décevant compte tenu du peu d’actions concrètes qui y sont développées, alors que c’est pourtant un des 3 piliers structurant de la transition énergétique. Seul un vrai projet d’EnR y est proposé. On peut alors se demander comment la Métropole souhaite atteindre les objectifs de production d’EnR&R qu’elle s’est fixée dans la stratégie…
Article 54 : il est dommage qu’à l’heure de cette consultation du public (septembre 2021), le schéma directeur des énergies ne soit toujours pas disponible. Aucune indication précise sur la planification des ENR&R n’est ainsi disponible dans ce PCAET et il est difficile de juger quelque chose qui n’existe pas.
Action 56 : Les projets photovoltaïques citoyens sont à promouvoir pour l’ensemble du territoire, et pourquoi pas sur les toitures des bâtiments métropolitains comme proposé dans l’action 7. Ils permettent une réappropriation des enjeux énergétiques par les citoyens qui est nécessaire pour faire de la transition énergétique une réalité.
Axe 8 dechets
Action 58 : Des précisions mériteraient d’être apportées concernant l’établissement d’un « niveau de service pour les professionnels coordonné et harmonisé sur l’ensemble du territoire ». L’action 60 parle de recentrer les flux des professionnels vers des déchèteries dédiées et mieux adaptées ; cependant aucun objectif ni indicateur ne porte sur la question. Cela questionne donc sur le sérieux de prise en compte de cette problématique.
Action 59 : L’action dispose de peu d’indicateurs ; devrait au moins y figurer le nombre de kilomètre épargnés.
Action 60 : Concernant la gestion de proximité des biodéchets, le traitement de ceux-ci en milieu très urbain ne peut pas se limiter au compostage dit de proximité. Le PCAET prévoit une expérimentation de collecte sélective des biodéchets sur des grands ensembles d’habitats ; nous demandons à ce que les termes, objectifs territoires concernés et calendrier de cette expérimentation soient précisés. Rappelons que la collecte sélective doit être en place d’ici 2023 selon la directive européenne sur les déchets. Concernant les indicateurs, « Nombre de consignes de tri » et « Nombre de solutions de compostage de proximité individuel ou collectif déployées », le premier ne veut rien dire, et le second est redondant avec l’indicateur « Nombre de composteurs distribués » l'action 58. Cela montre le peu de sérieux avec lequel la Métropole traite le sujet des déchets.
De manière globale et concrète, rien n’est prévu sur l'amélioration du tri alors que c'est à la fois le plus simple à faire et le plus indispensable compte tenu du niveau de tri actuel. De plus, rien n’est prévu non plus sur la question du brûlage des déchets verts, sujet pourtant important en termes de qualité de l’air. La métropole devrait alerter davantage les élus afin que les polices municipales verbalisent en cas de non-respect de la réglementation.
Axe 9 agriculture et pratiques alimentaires
Action 61 : L’adaptation des pratiques et des variétés culturales à la sécheresse (et autres impacts liés au changement climatique) n’est pas vraiment précisée. Il serait pourtant nécessaire d’accompagner les agriculteurs hors des stations expérimentales pour mettre véritablement en pratique les changements souhaités et souhaitables. Il devrait y avoir plus de précisions sur comment seront « pressenties » ces cultures (création d’une filière, retour sur investissement, rusticité, résilience, etc.).
Concernant la sensibilisation des élus à la conservation des terres agricoles, une sensibilisation ne nous semble pas suffisante pour parer l’artificialisation des sols. Nous demandons un moratoire sur l’artificialisation des terres agricoles et des espaces naturels de la Métropole.
Par ailleurs, un indicateur d’impact supplémentaire pourrait être rajouté : l’excédent brut d’exploitation (EBE), qui traduit mieux la santé d’une exploitation. De manière transversale, les sujets de la protection des terres agricoles et de choix de cultures adaptées aux dérèglements climatiques sont partagés dans l’ensemble par le monde agricole et environnemental. Nous regrettons de ne pas profiter de ce climat « serein » pour mettre ces acteurs dans le pilotage.
Action 62 : rien n’est réellement dit sur la manière de mettre en œuvre les mesures agroécologiques présentées.
Les objectifs ne doivent pas uniquement concernés la réduction des produits phytosanitaires. Bien que limiter les produits de synthèse oblige de manière indirecte à repenser un système de culture (et d’élevage), n’aborder ce sujet qu’à travers cette entrée risque d’attiser « l’agribashing ». Il serait intéressant de proposer des objectifs relatifs au changement de variétés/ pratiques plus résilientes face au changement climatique par exemple.
Par ailleurs, concernant les indicateurs, il serait intéressant de rajouter le label rouge mais aussi de lister les mesures agro-environnementales et climatiques que l’on considère intéressantes, car toutes ne permettent pas la transition vers l’agroécologie (écobuage par exemple). On peut également penser à des indicateurs supplémentaires de suivi comme les SAU en bio par exemple.
Action 63 : Nous mettons en garde sur les autres labels mentionnés :
- Le label HVE, même au niveau 3, ne garantit pas toujours la protection de l’environnement et le non-usage de pesticides. Tant que les critères de ce label ne seront pas révisés, il serait préférable de ne pas choisir ce label comme objectif.
- Le label ZRP ne prend aucunement en compte les impacts sur l’environnement ou le bien-être animal. Il s’engage sur le résultat (le produit vendu) plus que sur les moyens utilisés.
Nous demandons à ce que le label HVE et ZRP soient donc retirés des critères de cette action et qu’ils soient remplacés par des labels de meilleure qualité comme AB, Demeter, Nature & Progrès ou Bio Equitable de France.
Comme mentionné dans la description de l’action, il y a un enjeu fort en termes de reconnexion des citoyens (dont les élèves) à leur assiette. Il serait donc intéressant de faire participer des structures d’éducation populaire, éducation à l’environnement, etc. au pilotage de cette action.
Action 64 : Nous constatons avec plaisir le fait que la réduction de la consommation de produits carnés apparaisse dans cette action. Manger moins mais mieux nous semble primordial lorsque l’on parle de viande. L’action mérite à être détaillée cependant : par exemple avec des formations à destination du personnel de cuisine, des retours d’expérience et temps d’échanges collectifs notamment en lien avec le gaspillage alimentaire afin d’éviter que les « nouveaux » plats proposés ne finissent à la poubelle.
Action 65 : Le principe de la polyculture-élevage est un des principes fondamentaux de l’agroécologie. Il est d’autant plus important qu’il est assez minoritaire sur le territoire. Cependant il doit être couplé à un mode d’élevage extensif, respectant la protection de l’environnement et le bien-être animal.
Action 66 : Cette action paraît très intéressante. Il pourrait y être rajouté des conditions et recommandations pour éviter la contamination des productions par les pollutions citadines : tester les nouveaux sols de production, cultiver dans des bacs pour contrôler la contamination par le sol, faire des campagnes de mesures régulières des polluants pour assurer la non dangerosité des productions, expliquer l’importance du lavage des produits pour limiter les poussières, etc.
Axe 10 ressource en eau
Action 67 : Le travail de l'Atelier des Territoires est très intéressant ; pour l'instant, ce sont surtout des projets à l'échelle de micro-territoires, il s'agit dès lors de les mettre effectivement en œuvre (cas sur Camp Sarlier à Aubagne). Quid des autres projets ? Comment démultiplier ce type d’initiative à l’ensemble du territoire métropolitain ?
Un lien doit être fait avec les démarches existantes : contrats de milieu ou SAGE sur l'Arc, l'Huveaune, la Touloubre, l'Etang de Berre…
De manière générale, la question de la désimperméabilisation (et donc du traitement des eaux pluviales) est aussi à aborder dans les documents d'urbanisme, puisqu'il s'agit entre autres de ne pas imperméabiliser (donc de veiller aux surfaces nouvelles à urbaniser / construire). Ainsi, une hiérarchie est à respecter : 1-éviter toutes constructions inutiles, 2-imposer des normes de rétention à la parcelle et réserver des espaces à l'eau (zones humides à préserver ou restaurer, fossés, noues, jardins de pluie à prévoir, etc.).
Action 68 : Concrètement, quels sont les objectifs chiffrés en termes de réduction des consommations énergétiques, de traitement des déchets, d’économie d’eau ? Aucune information concrète n’est donnée concernant cette action.
Action 69 : L’action n’explicite pas les moyens qui seront mis en œuvre pour atteindre les objectifs visés, à savoir la réduction des émissions de GES, la réduction des consommations d’eau et la production d’ENR.
Action 70 : Une des difficultés de la REUT porte sur la qualité de l'eau en sortie de STEP : quelles substances restent dans les eaux après l'épuration (médicaments ? perturbateurs endocriniens ? pollutions historiques ? etc.) ? L’étude de faisabilité devra se pencher sur cette question. L’évaluation environnementale devra également tenir compte des impacts sur les ressources en eau en fonction de la manière dont sont rejetées les eaux en sortie de STEP (si elles sont rejetées dans le milieu naturel, qu'elles soient réemployées fait de l'eau en moins dans les cours d'eau, cela peut être impactant en période d'étiage. Cela ne pose en revanche pas de problème pour les eaux rejetées en mer).
Action 71 : Quel est le lien avec le PCAET ? L’action aura un impact positif sur le milieu naturel si le pompage des eaux souterraines s'avère possible et se développe en remplacement des prélèvements de surface. L'impact peut être potentiellement négatif si la ressource s'avère disponible : il faudra éviter que cette nouvelle ressource donne lieu à un accroissement de population (augmentation de la consommation, de l’urbanisation et donc empiètement sur les milieux naturels et agricoles).
Axe 11 biodiversite, ressources et milieux naturels
Action 73 : La réalisation d’un Atlas métropolitain de la Biodiversité est une bonne initiative. Le lien avec l’adaptation au changement climatique mériterait d’être mieux explicité cependant.
Action 74 : Il s’agit encore d’une étude sans actions concrètes. Une déclinaison des résultats précise et ferme dans les documents d’urbanisme sera nécessaire pour que cette étude soit valorisée. Des outils juridiques et urbanistiques existent déjà pour cela.
Action 75 : La restauration ne doit venir qu’en dernier recours et en compensation de systèmes déjà dégradés. Il est important de spécifier que cela ne doit pas engendrer la destruction de milieux au motif que l’on sait « réparer ». Par ailleurs, aucune action précise n’est définie dans l’action, seulement des exemples. Quelles seront les zones d’intervention ?
Action 76 : Action très intéressante – la trame noire devra trouver écho dans les documents d’urbanisme. Il serait intéressant de réaliser un recensement des outils (techniques, juridiques, urbanistiques…) qui permettent d’appliquer réellement la trame noire.
Action 77 : L’action consiste principalement à former et sensibiliser les concitoyens, adultes et enfants. L’objectif devrait être plus fort et chercher à imposer la nature comme une composante à part entière du développement ou du renouvellement urbain et intégrer de façon obligatoire des éléments de climatologie urbaine et de nature en ville dans l’aménagement urbain et l’architecture.
Cette intégration passe par différents plans :
- Réintroduire la végétation en ville et bénéficier ainsi des propriétés de celle-ci : ombrage et évapotranspiration, atténuation du bruit, piégeage des polluants dans l’air. Accepter la végétation spontanée.
- Redonner une vraie place à l’eau au sein de la ville et prévenir les inondations : restauration des cours d’eau, création ou la réhabilitation de bassins de rétention multifonctionnels, création de jardins de pluie, par la désimperméabilisation des voiries et des espaces, installation – réfection de bassins, fontaines etc. (en circuit fermé)
- Retrouver une architecture adaptée aux conditions climatiques et géographiques locales.
A noter que les cours d’eau urbains, les parcs urbains, les friches… contribuent à la constitution de la trame verte et bleue urbaine. Ces espaces de nature contribuent également au rafraichissement des espaces urbains, ainsi qu’au cadre de vie (aspect paysager, aspect social). Attention tout de même au choix des espèces végétales lors des aménagements : éviter de prendre des variétés gourmandes en eau par exemple. Il faut donc choisir des espèces pouvant s’adapter aux conditions locales actuelles et futures (impacts du changement climatique).
Action 78 : Le descriptif de l’action est riche. On aimerait que les objectifs cités soient quantifiés (par exemple le nombre d’arbres plantés chaque année - qui doivent être entretenus au cours des premières années). Les bénéfices et co-bénéfices de la nature en ville ont été bien décrits et l’on ne peut que regretter qu’aucun budget n’ait été défini pour cette action.
Action 79 : Comme pour l’action précédente, aucun objectif chiffré n’est défini, rendant l’action caduque et non évaluable. Rappelons également que les arbres plantés doivent l’être en pleine terre et disposer de l’espace nécessaire pour le développement des systèmes racinaires. Ces objectifs doivent être intégrer dans les documents d’urbanisme pour en renforcer l’application. Par ailleurs, quid des espaces urbains existants et récemment aménagés comme le Vieux-Port ou bien la Canebière à Marseille ? Seront-ils repris pour intégrer ces différentes actions (trame verte et bleue, plus d’espaces végétalisés, plantation d’arbres) ?
Action 80 : Les phénomènes d’accrétion – érosion sont déjà à l’œuvre de façon visible sur le littoral Provence-Alpes-Côte d'Azur (ex : Camargue, plages naturelles et artificielles). L’action consiste pour l’instant surtout à combler les lacunes de connaissance. Une fois celle-ci établie, il faudra avancer rapidement sur une stratégie et un plan d’action incluant la relocalisation / réorganisation spatiale des activités et la restauration du littoral vers davantage de naturalité. Pour cela, il faudra associer le monde de l’urbanisme mais aussi celui de l’immobilier (agences immobilières, notaires, assurances…) aux différentes réflexions et actions. Il serait également intéressant de travailler avec la Conservatoire du Littoral pour acquérir et gérer des espaces littoraux remarquables ou dont le rôle est important pour la biodiversité ou la protection d’autres espaces. Enfin, il faudrait s’appuyer sur les planifications qui touchent à la mer et au littoral comme le SDAGE ou le DSF.
Action 82 : Protéger la forêt, c’est aussi porter une attention particulière à la diversité biologique (faune et flore) de la forêt et de ses composantes. Cela doit être réellement pris en compte dans les plans de gestion.
Axe 12 mobilisation sur le territoire
Les actions 88 et 89, déjà en œuvre sur la métropole, sont de bons exemples de l’intégration des citoyens dans les projets visant à améliorer la qualité de l’air. Ce type de méthode doit également être au cœur des actions du PCAET concernant les autres domaines d’action comme l’énergie ou l’adaptation au changement climatique.
Action 90 : Le descriptif de cette action ne stipule … aucune action concrète. Quelles sont les « actions fortes » envisagées ? Pour quel public ?
Action 91 : L’étude devra être suivie d’actions concrètes pour réduire les émissions et l’exposition à ces particules ultrafines.
Action 94 : Nous saluons cette démarche qui devrait susciter un vif intérêt pour les travailleurs, la crise du COVID ayant permis de se questionner sur les rythmes de vie et les trajets domicile-travail.
Action 95 : Les budgets participatifs sont des pratiques très intéressantes et vertueuses. L’action ne finance qu’une étude pour leur mise en place, ce qui est regrettable et risque mais constitue un premier pas. Nous espérons donc que les communes saisiront cette opportunité, même sans financement particulier.
Action 96 : FNE Provence-Alpes-Côte d'Azur est satisfait d’apparaître dans ce PCAEM, aux côtés d’Alternatives Territoriales, pour permettre l’implication des associations dans la mise en œuvre du PCAEM. C’est une demande de longue date, qui n’a pour l’instant jamais abouti. Le type d’action attendue mériterait d’être précisé (compte-tenu du budget particulièrement faible de cette action, ce que nous regrettons).
Axe 13 animation de la demarche plan climat
Le suivi et l'évaluation du PCAEM devront être faits de manière rigoureuse et les résultats devront être communiqués largement dans les collectivités, auprès des associations et du grand public. Une simple information ne suffit pas, il faudra mobiliser sur le terrain les habitant-e-s de la Métropole (Pour exemple, un simple webinaire pour présenter le PCAEM n’est pas suffisant à nos yeux et ne le sera pas non plus pour l’animer et en faire le bilan. Des réunions, tenues de stands, ateliers devront être organisés en divers lieux de la Métropole).
Le PCAEM ne doit pas être un énième plan rédigé par obligation mais dont l'opérationnalité est négligée. Ainsi, pour chaque action, il faudra évaluer l'atteinte ou non des objectifs (ce qui nécessite pour certaines actions de préciser les objectifs de manière chiffrée lorsque cela est possible), ainsi que les freins à cette atteinte et les mesures à prendre pour les atteindre.
[1] Notons par ailleurs que les deux tableaux page 37 de la stratégie présentent des écarts flagrants entre le tableau par secteur et le tableau tout secteur. Les chiffres tels que présentés ne permettent pas de comprendre comment atteindre -75% de GES à l’horizon 2050.
[2] Notons que l’article 86 de loi d’orientation des mobilités, ainsi que son décret du 16 septembre 2020, imposent la création de zone à faible émission mobilité (ZFE-m) avant le 31 décembre 2020 dans la métropole Aix-Marseille Provence. A ce jour, cette ZFE n’existe toujours pas. La Métropole est donc en retard sur les obligations légales.
Avis délibéré de la mission régionale d’autorité environnementale Provence-Alpes-Côte d’Azur :