AGIR POUR LE CLIMAT
En parallèle à l'inauguration de la MEDCOP 21, une manifestation a rassemblé différentes associations qui ont exprimé leur refus de voir se développer des projets nuisibles pour le climat en Méditerranée :
Gaz de schistes ;
Forage de recherche en mer de pétrole/gaz ;
Méga centrale EON à Gardanne ;
Projet de gazoduc ERIDAN
La Fédération régionale de France Nature Environnement, co-organisatrice de cette initiative, s'est exprimée à cette occasion sur la problématique des transports en faisant le lien avec la santé :
"Depuis la signature du protocole de Kyoto, le secteur des transports a augmenté de 30 % ses émissions de gaz à effet de serre : c’est donc un des secteurs prioritaires des politiques climatiques. En pleine année de la COP 21, la publication du rapport Duron qui annonce une réduction de l’offre ferroviaire en France est une décision contradictoire au regard des enjeux climatiques. C'est un contre-sens. Le train, c’est bon pour le climat ! Les autocars doivent être envisagés comme un des éléments d’une offre multimodale intégrant développement des transports collectifs, usage de la bicyclette et auto-partage, mais pas comme un substitut. Avec un tel signal, la France ne peut pas se revendiquer comme un exemple dans la lutte contre le réchauffement climatique. D'autant que l'étalement de l'habitat et des zones commerciales qui consomme les terres agricoles génère toujours plus de déplacements sur notre territoire.
Il faut aussi prendre en compte l’impact sanitaire, avec la pollution grandissante : comment justifier la suppression de trains au profit d’autocars sur des routes déjà saturées par les camions ? Habitants de Provence Alpes Côte d'Azur, n'oublions pas les chiffres officiels : 900 000 personnes, soit 20 % de notre population, seraient exposées à au moins un dépassement des normes de la qualité de l’air. L’exposition chronique à la pollution des particules fines dont beaucoup proviennent des transports sur les 6 grandes agglomérations - Aix en Provence, Avignon, Cannes, Marseille, Nice et Toulon - cause 2500 décès anticipés annuels. Et ajoutons qu'en supplément 6 à 10 journées sont perdues par chacun d’entre nous dans les bouchons en moyenne annuelle.
Dans la période, ce rapport DURON pointe de vrais problèmes, notamment liés à la vétusté des infrastructures ferroviaires, du matériel roulant et de rentabilité, mais on ne peut prétendre y répondre par une logique purement comptable. Face à une libéralisation idéologique, nous devons imposer une véritable politique de service public des transports. Il est évident que la question de l’investissement se pose et implique une vraie fiscalité écologique pour financer la rénovation du ferroviaire. Parallèlement, cela incitera à un report modal vers le fret qui est une des clefs pour réduire les émissions polluantes liées aux transports.
Et nous sommes bien placés en Provence Alpes Côte d'Azur pour rappeler que Vintimille est le premier passage routier entre la France et l’Italie. Les 40 millions de tonnes de marchandises qui transitent chaque année à la frontière franco-italienne empruntent essentiellement la route dont plus de 50 % via ce passage par les Alpes du Sud. En effet, le coût élevé des péages des tunnels nord-alpins et les importantes déclivités qui augmentent la consommation de carburant font préférer aux routiers cet itinéraire moins coûteux pour eux. Et que font nos décideurs devant ce constat ? Et bien ils engagent des travaux pour doubler le tunnel routier de Tende et aggraver ainsi la situation sanitaire des habitants de nos vallées alpines. Il s'agit de choix politique : la France est aujourd’hui le 25e pays sur les vingt-huit de l’Union Européenne en terme de fiscalité verte, nous n’avons toujours pas d’éco redevance… Oui, c’est bien un choix politique de financer le Lyon-Turin plutôt que de favoriser les infrastructures existantes comme les lignes Nice-Cunéo et Val de Durance dont le prolongement vers l'Italie, par un tunnel ferroviaire, offrirait à notre région une alternative au « tout routier » aussi bien pour les personnes que pour les marchandises.
Au contraire, nous observons une constante forte : la quasi totalité des opérations routières auxquelles sont amenées à contribuer financièrement, sous la pression de l’État, les collectivités territoriales et plus particulièrement notre Conseil Régional est consacrée au transport routier de marchandises. S'il faut financer les infrastructures routières sur les fonds publics, alors le principe "pollueur/payeur" doit se traduire dans le domaine routier par la mise en place d'une éco-redevance afin de corriger une situation de concurrence faussée avec des modes moins polluants, particulièrement dans les flux de transit marchandises qui saturent nos axes routiers. Et cela sans oublier le fluvial qui a pratiquement disparu du Contrat de Plan État-Région 2015-2020.
Ainsi, la MEDCOP 21 est un bon moment pour que la région Provence Alpes Côte d'Azur se porte candidate à l'expérimentation annoncée par le Président de la République d'une telle redevance.
Ce sera juste en terme de fiscalité et bon pour le climat, bon pour notre bien-être et bon pour notre santé."