Lyon -Turin : regarder au-delà du tunnel
4 Décembre 2012 , Rédigé par nosterpaca Publié dans #DOCUMENT, #Alpes-frontière Italie-France
La France et l'Italie ont signé, hier, à Lyon, un accord pour la réalisation du projet de liaison ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin malgré la contestation croissante à l’encontre du projet et les nombreuses remises en question dont il fait l’objet. Explications de France Nature Environnement.
Un projet inutile et coûteux
Selon un rapport de la cour des comptes remis cet été au premier ministre, le projet devrait atteindre plus de 26 milliards d'euros pour la totalité de la ligne reliant Lyon Saint-Exupéry à Turin.
Aucune précision n'a été donnée quant à la répartition de la prise en charge de la partie commune du tunnel entre l'Italie et la France évaluée à 8,5 milliards d’euros dont 40 % devraient en principe être apportés par le budget européen actuellement en discussion au sein des instances communautaires.
Le rapport avait pourtant déjà pointé un plan de financement " non défini " ainsi que la multiplication du coût du projet par deux à cause du renforcement des règles de sécurité et du changement de tracé de la partie commune.
Enfin, il souligne « des prévisions de trafics surestimées ». Etablies dans les années 1990, elles envisageaient la poursuite d'une forte croissance, et ont donc été fortement remises en cause depuis. Le risque de saturation des infrastructures existantes n'est aujourd'hui envisagé qu'à l'horizon 2035.
Une vision régionale nécessaire
La problématique des transports dans les Alpes n’a jamais fait l’objet d’un débat public avec une vision globale des traversées alpines prenant aussi en compte la Méditerranée et les besoins véritables en transports, dont ceux liés aux activités des aires urbaines.
C’est pour cette raison que France Nature Environnement a réitéré[1] sa demande à Mme Batho, Ministre de l’Ecologie du Développement Durable et de l’Energie, par courrier du 17 octobre 2012, pour que soit ouvert un Débat Public sur les transports alpins, du Léman à la Méditerranée comprise, pour son potentiel de merroutage.
La tenue de ce Débat Public est incontournable avant de statuer en faveur de tout projet majeur tant en PACA qu’en Rhône-Alpes.
L’alternative doit passer par le réseau existant
Les solutions à court terme nécessaires pour développer les alternatives au transport routier et ses effets insupportables sur l’environnement, la santé publique et le climat existent. La ligne ferroviaire historique du Mont-Cenis, dont les travaux de mise à grand gabarit sont terminés, offre une alternative crédible.
Pour Anne Lassman Trappier du réseau Transports et Mobilités Durables de France Nature Environnement et présidente de l’association Environn’MontBlanc : « Le développement du fret ferroviaire sur cette ligne, que ce soit le service d’Autoroute Ferroviaire Alpine (AFA) ou le fret classique sur des distances potentiellement beaucoup plus longues, est tributaire avant tout d’une volonté politique en faveur du rail et du report modal, qui n’a, à ce jour, jamais été affirmée et encore moins concrétisée. »
La période de rigueur budgétaire imposée par la situation économique rend incontournable l’exploration de toutes les solutions à court et moyen terme, susceptibles de favoriser le report modal, à moindre coût et sans attendre.
Seul un examen indépendant et une volonté politique forte, dans le cadre global des traversées alpines, pourront nous permettre d’appliquer les bonnes solutions à la problématique des transports alpins à long terme.
[1] Un premier courrier a été adressé en date du 2 octobre 2001