Conférence Ambition France Transports
Le coup d’envoi de la conférence nationale « Ambitions France Transports » sera donné le 5 mai prochain à Marseille, avec pour objectif de poser les bases d’un nouveau modèle de financement des infrastructures de transport à l’horizon 2040.
Cette conférence réunira élus, acteurs publics et privés, experts, fédérations professionnelles et représentants d’usagers. Ensemble, ils sont appelés à réfléchir aux moyens de répondre aux défis majeurs du secteur : croissance des besoins de mobilité, modernisation des réseaux, et décarbonation d’un secteur toujours très émetteur de CO2.
France Nature Environnement publie une contribution à cette occasion.
Contribution de France Nature Environnement
La conférence nationale pour bâtir un nouveau système de financement des infrastructures de transport s’ouvre à une période où les besoins en requalification et de modernisation sont indispensables et les marges de manœuvre budgétaires contraintes. Elle s’articulera autour de quatre groupes de travail : les services express régionaux métropolitains (SERM), le transport ferroviaire de voyageurs, le transport de marchandises, l’avenir des mobilités routières. France Nature Environnement est invitée à contribuer aux échanges sur le transport ferroviaire de voyageurs mais souhaite apporter, par cette note, sa vision sur l’ensemble des sujets qui seront abordés.
Une méthode de travail qui peut conduire à des impasses
Le découpage en silo des groupes de travail ne doit pas être un frein à une analyse et une recherche de solutions transversales. Les modes de déplacement ne sont pas tous vertueux, les projets d’infrastructure ne sont pas tous indispensables.
S’accorder sur ce qu’il est nécessaire de financer
Chaque groupe de travail doit s’accorder sur ce qu’il est juste et nécessaire de financer. La France dispose d’un maillage autoroutier (12 000km d’autoroute, deuxième réseau d’Europe) et de liaisons ferroviaires rapides déjà très développé (2 800km de LGV, deuxième réseau du Monde). Toutefois, si les lignes à grande vitesse peuvent constituer un atout, leurs bénéfices profitent avant tout à des usagers résidant en dehors des territoires peu denses qu’elles traversent. Dans le même temps, ces territoires perdent progressivement leurs dernières dessertes locales, renforçant leur isolement et les inégalités d’accès à la mobilité.
Pour FNE, la mobilité de demain repose donc obligatoirement sur une meilleure utilisation des réseaux existants avec une combinaison multimodale et intermodale, redonnant d’abord attractivité et sécurité aux modes actifs, collectifs ou partagés assurant des liaisons avec les territoires peu denses.
Privilégier l’entretien de l’existant
Les réseaux routiers, ferroviaires et fluviaux existants constituent un bien patrimonial structurant pour les territoires. Or les retards d’entretien accumulés au fil des années provoquent une dégradation du service, engendrent des contraintes fortes d’exploitation conduisant à des sous-utilisations et même des fermetures pour des lignes de desserte fine des territoires. La conséquence immédiate est le sentiment, pour beaucoup de nos concitoyens, de vivre dans une société privilégiant toujours plus les métropoles au détriment des autres territoires. Les besoins financiers pour les requalifications, régénérations, modernisations des infrastructures existantes se comptent, dans chaque région, en plusieurs centaines de millions d’euros. Cela reste bien loin des dizaines de milliards d’euros nécessaires pour un seul projet neuf qui ne servira qu’à une partie de la population. Privilégier l’entretien de l’existant permettra donc de satisfaire les besoins d’un plus grand nombre de citoyen·nes.
Prendre en compte les impacts environnementaux des projets
Les impacts environnementaux des nouveaux projets d'infrastructure sont aujourd'hui insuffisamment évalués. Les référentiels socio-économiques utilisés sont obsolètes, et les études préalables ne prennent pas suffisamment en compte l'amélioration des capacités et des performances des offres multimodales existantes. Il est donc indispensable de réviser en profondeur l'ensemble des référentiels politiques et techniques (sous la responsabilité de la DGITM).
Ainsi, avant toute décision, et pour prévenir les risques de blocages ou de conflits en phase de travaux, il conviendrait notamment de :
- Démontrer en amont les avantages des projets d’infrastructures nouvelles en faveur des externalités environnementales (qualité de l’air, gain de CO2, impact sur les réseaux aquifères, la biodiversité, les puits de carbone forestiers ...) ;
- Présenter les conséquences indirectes des projets sur l’urbanisation locale (éloignement des zones d’habitat, d’emplois et de services ; fragmentation des territoires ; développement des centres de logistique...) ;
- Intégrer systématiquement un volet « suivi-évaluation » pour mesurer les impacts, corriger rapidement les écarts et ne plus reproduire les erreurs passées.