Rester sur Terre
La crise du Covid-19 a cloué les avions au sol comme jamais auparavant. Cette situation, nécessaire pour stopper la propagation du virus, a provoqué un terrible choc pour tout le secteur aéronautique et ses employé·es.
La période de confinement a montré que les pouvoirs publics sont capables de diminuer rapidement et drastiquement le trafic aérien si les conditions l’exigent. Or le dérèglement climatique est un péril encore plus grave que l’actuelle crise sanitaire. Relancer l’aviation et laisser dépérir les transports bas carbone comme le train sont deux erreurs politiques aux conséquences dramatiques.
C'est le sens du communiqué de presse publié par la fédération régionale de France Nature Environnement qui s'associe ainsi aux actions du 3 octobre en vue de préserver le climat.
extension des aéroports en région, c’est non !
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, des projets d’extension d'aéroports ressortent des cartons. Alors que la crise de la Covid-19 nous fait (re)prendre conscience de la nécessité de protéger notre planète, les intérêts privés semblent primer sur le bon sens en matière d’aviation.
Des projets qui se multiplient
A Marseille, le projet d’extension du terminal 1 prévoit la création d’un bâtiment supplémentaire de 20 000m² et vise à augmenter le trafic du terminal de 8 à 12 millions de passagers. L’autorité environnementale continue de demander une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux, notamment sur la qualité de l’air, les nuisances sonores et la lutte contre l’imperméabilisation des sols. Sur ces sujets, elle constate que la séquence Eviter, Réduire, Compenser (ERC) n’a pas été mis en œuvre.
A Nice, c’est le projet d’extension du terminal 2 de l’aéroport porté par la société Aéroports de la Côte d’Azur qui est visé. L’étude d’impact du projet n’analyse aucunement les conséquences prévisibles de cette extension sur ces émissions futures de gaz à effet de serre. Rien n’est dit non plus quant à la préservation de la santé des populations qui subissent une qualité de l’air dégradée depuis des années.
A Tallard, la Chambre de Commerce et d’industrie des Hautes-Alpes et l’Union Pour les Entreprises des Hautes-Alpes prévoient de développer une ligne Gap-Paris pour les chefs d’entreprises (premier test en 2018) alors même que le train de nuit Briançon-Paris devrait rendre un bien meilleur service qu'aujourd'hui.
L’aéroport d’Avignon Provence quant à lui est un aéroport fantôme. D’une superficie de 1500m², il est complètement surdimensionné : prévu pour accueillir 200 000 passagers par an, il n’en accueille pas plus de 16 000 par an[1] et sa reconversion industrielle reste partielle.
Des projets en contradiction avec les ambitions de lutte contre les changements climatiques
Ces projets d’extension ne cessent d’accroître le trafic aérien au détriment de l’urgence à réduire nos émissions de gaz à effet de serre.
Au niveau mondial, le trafic aérien représente plus de 2% des émissions de gaz à effet de serre. S’il était un pays, il serait le 7e pays le plus émetteur de GES au monde, avec environ 700 millions de tonnes de CO2 émis (en 2012), soit l’équivalent d’un pays comme l’Allemagne[2].
Des impacts sur la qualité de l’air
En plus des différents gaz à effet de serre qu’il émet, le secteur aérien est également la source de polluants qui dégradent la qualité de l’air et la santé humaine comme le monoxyde de carbone (CO), les oxydes d’azote (NOx) ou les particules fines (PM10 et PM2.5). Dans une région où quatre Plans de Protection de l’Atmosphère essaient de contribuer à respecter les normes européennes de qualité de l'air, une augmentation du trafic aérien ne ferait que saper les efforts mis en place par les autres secteurs. Mentionnons enfin les nuisances sonores, bien supérieures aux recommandations des organismes de santé par le survol quotidien d’avions, en particulier la nuit. L’autorité de Contrôle des Nuisances Aéroportuaires (ACNUSA) a recensé près de 800 manquements aux règles environnementales déterminées par arrêtés ministériels sur les principaux aéroports français ces cinq dernières années[3] pour un total de 19.6 millions d’euros d’amendes infligées.
Nos demandes
- L’abandon de tout projet d'extension des installations aéroportuaires
- L’arrêt des aides actuelles aux aéroports régionaux (Avignon...) aux aérogares (MP2...) et compagnies aériennes et leur transfert au profit des mobilités durables ;
- Une taxe régionale sur les atterrissages et les décollages ;
- Le retour des trains de nuits et trains intercités et une meilleures complémentarité dessertes TGV / TER.
Contacts presse
Gilles Marcel, président FNE Provence-Alpes-Côte d’Azur : gilles.marcel@fnepaca.fr 06 08 89 75 54
France Nature Environnement Provence-Alpes-Côte d’Azur qui est la fédération régionale de France Nature Environnement regroupe avec ses fédérations départementales 250 associations soit environ 21 000 bénévoles. Soucieuse de préserver la nature et l’environnement le réseau FNE en Provence-Alpes-Côte d’Azur défend aussi l’humain en agissant pour l’intérêt général. Intervenant sur l’ensemble des domaines du champ du développement durable en s’impliquant dans les grands débats régionaux et locaux et en portant des projets à chaque échelle de territoire. Retrouvez-nous http://www.fnepaca.fr/ Facebook et Twitter (@FNEPACA)
[1] Chiffres issus des Résultats d’activité des aéroports français de 2018 : < https://www.aeroport.fr/uploads/Rapport%20d%27activit%C3%A9%20final.pdf >
[2] Réseau Action Climat – Cinq mythes sur le rôle du transport aérien dans les changements climatiques 2015
[3] Rapport annuel 2019 de l’ACNUSA < https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/194000791.pdf >