Liaison Fos-Salon
Dans le cadre du débat public organisé autour du projet de liaison routière Fos-Salon, NOSTERPACA a participé à l'expression du réseau FNE en remettant à la commission son cahier d'acteur. Notre document est complémentaire avec les deux autres émanant du réseau FNE, régional et départemental 13.
Compte-tenu du cadre formel de ce mode d'expression, NOSTERPACA a du réduire la contribution remise CAHIER D'ACTEUR de NOSTERPACA en nombre de signes et d'images. Vous trouverez ci-après l'intégralité du texte élaboré.
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Améliorer la liaison entre les différents pôles urbains […] - Développer l’intermodalité […]
Priorité doit être donnée aux transports collectifs, au vélo, au covoiturage, et à la combinaison de ces différents modes.Les pôles urbains concernés sont reliés par une ligne ferroviaire performante (deux voies électrifiées, à cantonnement automatisé) sur laquelle circulent au maximum 2 trains de fret par heure et par sens, ce qui laisse une large place à un service cadencé de trains de voyageurs (au ¼ h en journée), opéré sur une large plage horaire (4h – 0h) pour répondre aux besoins des employeurs du secteur (cf. court exemple ci-après) :
Ce service constitue l'armature d'un réseau de mobilité inclusive dès lors qu'il est interconnecté aux autres offres de transport (stationnement sécurisé des vélos, dépose-minute, lignes métropolitaines du réseau de bus Ulysse en correspondance avec chaque train …). Un pôle d'échanges multimodal (PEM) voyageurs doit ainsi être aménagé en un lieu stratégique vis-à-vis de la desserte de la zone industrialo-portuaire (ZIP), typiquement à Fos-Lavalduc.
Le schéma proposé est le suivant:
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une seule ligne de cars (accessible aux vélos) cadencée au quart d'heure reliant le centre d'Istres, via le PEM de Fos-Lavalduc, à la ZIP de Fos et à Port-St-Louis-du-Rhône
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une seule ligne de bus à la même cadence desservant la ville de Fos depuis le PEM de Fos-Lavalduc
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une connexion de ce PEM à l'itinéraire cyclable (à améliorer) Istres-Fos.
Deux possibilités d'implantation pour ce PEM représentées sur le schéma ci-dessous, selon que la liaison routière Fos-Salon emprunte un nouveau tracé (1 ou 2) ou reprend le tracé (3) de l'actuelle RN 569, avec pour avantages à cette dernière : maintien de la gare d'Istres-Rassuen, proximité du PEM de Fos-Lavalduc de la commune de Fos, et aménagement d'un arrêt sur la liaison routière du type de celui, sur A10, de Briis-sous-Forges (cf. photo).
- Contribuer à accroître la compétitivité du GPMM […]
Le développement des trafics portuaires ne peut se concevoir sans une performance accrue des modes de transport massifiés : ferroviaire et fluvial. Tous les projets doivent donc contribuer à cet objectif, indispensable au regard de la stratégie nationale bas carbone. Au-delà de l'assemblage de trains entiers au droit des terminaux portuaires, il faut rappeler tout l'intérêt qu'aurait un service de navettes ferroviaires, intégré au service public de fret ferroviaire porté par la Métropole Aix-Marseille-Provence, entre ces terminaux et la gare de triage de Miramas, dont les installations, à peu de frais de remise en état (20 M€), permettrait de trier par mode gravitaire jusqu'à 2000 wagons par jour (moins de 300 le sont aujourd'hui) et de former automatiquement des trains vers des dizaines de destinations différentes (et inversement vers les terminaux portuaires et les plates-formes logistiques). Ce système est à compléter de barges reliant le port de Fos à la plate-forme d'Avignon-Champfleury ou d'Avignon-Courtine (projet non abouti permettant un chargement plus important des barges).
- Fluidifier et améliorer la sécurité de la circulation sur cet axe majeur […]
Rappelons que l'écoulement routier maximal, en sécurité, est obtenu autour de 70 km/h, vitesse le plus souvent retenue, en lieu et place du 90 km/h, sur les voies rapides urbaines (cf. guides CEREMA). Au total, une certaine fluidification du trafic routier peut ainsi être obtenue par :
- un apaisement du trafic (cf. vitesse et signalisation dynamique et directionnelle)
- un report des pointes de trafic automobile pendulaire vers les modes alternatifs (cf. ci-avant)
- un évitement, par les poids lourds eux-mêmes, de ces pointes de trafic.
Sur ce dernier point, la proposition est de disposer, en amont des points de congestion récurrents, des aires de stationnement des poids lourds qui soient aussi des aires multi-services (restauration, avitaillement en carburant GNV …) et, en amont de ces aires, des panneaux à messages variables conseillant/obligeant l'utilisation de ces aires en fonction de l'état de trafic, dont l'affichage (qualité de l'air, bouchons) doit être cohérent avec celui connu des applications utilisées par les routiers (Waze, G.Maps …). Pour la localisation de ces aires, on pense naturellement aux aires existantes ou en projet : Mas de Ricca, La Fossette, échangeur A54, voire Le Rebuty (A55).
Concernant la sécurité précisément, nous savons que les accidents sont liés à une multitude de facteurs, dont la distraction (téléphones portables, écrans …) et la somnolence, elle-même en lien avec la fatigue, l'ingestion d'alcool, de stupéfiants … La configuration, l'aménagement paysager, la signalisation de la liaison Fos-Salon doivent donc contribuer à une absence de monotonie du parcours, et offrir une bonne lisibilité de l'accès non seulement aux zones urbaines mais aussi aux différents sites industriels, logistiques, portuaires … L'identification de « portes » ou « zones » numérotées peut contribuer, comme sur des sites similaires à l'étranger, à rendre plus sereine et sécuriser la circulation dans ce corridor.
La gravité des accidents est, elle aussi, liée à différents facteurs dont la vitesse et la masse des véhicules en cause. On militera donc ici aussi pour des vitesses modérées, pour un contrôle accru du chargement des camions et une non augmentation de leur part dans le trafic de la liaison Fos-Salon, donc pour un transfert maximal vers le rail et la voie d'eau, y compris par un basculement des avantages fiscaux (gazole) du routier vers le ferroviaire et le fluvial.
- Réduire les nuisances aux populations et les impacts sur le cadre de vie et l’environnement
S'il y a bien un objectif prioritaire pour des aménagements à réaliser sur la liaison Fos-Salon, indispensable à l'activité économique du secteur, c'est bien celui-là. Cela commence par la réduction des nuisances sonores, à laquelle contribue la réduction des vitesses et l'installation, aux endroits les plus sensibles, de revêtements et d'écrans anti-bruit, sous une forme la moins sujette possible à une dégradation rapide (tags …).
La réduction des émissions de polluants (oxydes d'azote, particules fines...) et des émissions de gaz à effet de serre passe par une maîtrise du volume de circulation, et aussi des encombrements, d'où les mesures proposées pour notamment répondre aux besoins des déplacements domicile-travail et retenir les poids lourds en amont.
Les atteintes au cadre de vie et à l'environnement concernent aussi le maintien en état des abords de la liaison : parkings, accotements, ouvrages, eaux polluées par les pneumatiques et les hydrocarbures … Outre un entretien et une maintenance adaptés, souvent insuffisants sur les voies non concédées (déchets non ramassés, …), le projet doit prévoir une protection des milieux environnants vis-à-vis de ces diverses nuisances (cf. ci-après).
- Mettre en œuvre la stratégie nationale bas carbone, viser la neutralité carbone
Voir le cahier d'acteur FNE 13 (à publier)
- S'adapter au changement climatique, prévoir des modalités d'exploitation évolutives
La liaison routière Fos-Salon se situe au cœur d'un territoire potentiellement soumis à de nombreux aléas :
- aléas propres à la liaison elle-mêmes (accidents, congestions …)
- accidents industriels (proximité de sites à risques technologiques), pics de pollution ...
- événements climatiques plus fréquents (canicules, pluies torrentielles, montée des eaux …).
Ces paramètres rendent indispensables la mise en œuvre d'outils d'exploitation dynamiques (poste de gestion centralisée, radio trafic, panneaux à messages variables …), eux-mêmes robustes vis-à-vis des aléas, mais aussi d'alternatives multimodales en cas de difficulté majeure sur l'une ou l'autre des infrastructures. C'est tout l'enjeu, par exemple, de navettes fluviales et ferroviaires permettant d'assurer, même temporairement, un « pont » entre la ZIP et les plates-formes multimodales d'Avignon et de Miramas.
- Préserver la ressource en eau
La contribution de la liaison routière Fos-Salon à la préservation de la ressource en eau concerne surtout :
- la préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (cf. ci-après), tout particulièrement ceux cultivés en foin de Crau qui participent à la protection de la nappe phréatique qui alimente toute la région
- la protection de cette nappe et des cours d'eau, tout particulièrement à l'abord des zones de captage d'eau potable, contre les pollutions issues de l'infrastructure routière et de ses dépendances (stations-service …), qu'elles soient chroniques (lessivage de la plate-forme routière) ou événementielles (déversements accidentels ou volontaires de matières plus ou moins dangereuses).
Eu égard à la multitude de produits dangereux que la liaison routière permet de véhiculer, il est indispensable que cette infrastructure routière soit équipée des meilleures installations possibles en matière de rétention des écoulements, de traitement et de détection des pollutions. De tels équipements existent depuis 30 ans sur l'A9.
- Préserver les espaces naturels, agricoles et forestiers
La préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers doit constituer le premier critère de choix des options et variantes du projet, tellement sont irréversibles les dégâts causés par les infrastructures. Ce critère exclut d'emblée les options B et C de branchement sur A54, ainsi que le barreau des étangs.
Conclusion : une vision pour la liaison Fos-Salon
Plus qu'une liaison (auto)routière de plus, la liaison routière Fos-Salon, vu le « retard » pris dans sa réalisation, doit incarner une nouvelle vision de ce qu'on attend d'une infrastructure routière aujourd'hui : la transformation d'un « couloir à camions » en un maillon apaisé d'une chaîne intermodale de déplacements participa à la valorisation du territoire et à la protection des milieux environnants, humains et naturels.