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LA VOIX DE NOSTERPACA

Vote Loi Mobilité

19 Juin 2019 , Rédigé par La voix de NOSTERPACA Publié dans #DOCUMENT

Trop de détours avant la décarbonation

La Loi d’orientation des mobilités (LOM) a été votée par l’assemblée nationale le 18 juin.

Vote Loi Mobilité

Les scientifiques du climat nous ont enjoint à diviser par deux nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 afin d’éviter le pire et de ne pas causer un emballement irréversible du climat. La Loi d’orientation des mobilités était l’occasion de fixer une trajectoire ambitieuse dans ce sens pour le secteur des transports, premier émetteur de gaz à effet de serre en France.

Au lieu de fixer des trajectoires claires et ambitieuses, cette loi est hésitante et n’aura pas la portée nécessaire pour répondre aux enjeux climatiques, ni aux enjeux sanitaires liés à la pollution de l’air, ni même aux enjeux sociaux, liés à la trop forte dépendance de nos déplacements et de nos transports au pétrole.

Cette loi aurait dû acter la suppression progressive des exonérations fiscales accordées aux énergies fossiles à tous les modes de transports, en particulier aux transports de marchandises et à l’aérien. Les fonds ainsi générés auraient pu financer la mutation énergétique rapide et indispensable de ces transports et de la mobilité quotidienne en France. Or, la loi botte en touche sur ce point. Une nouvelle réflexion au parlement est annoncée et les réponses seront apportées par le projet de loi de finances. Il faudra donc encore, et toujours, attendre…

La fin des ventes des véhicules à 100% diesel ou essence est fixé à 2040, alors que les spécialistes du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) préconisent la date de 2030 et que les constructeurs automobiles eux-mêmes pensent que cette échéance est techniquement atteignable. Avec une durée de vie du parc automobile de 20 ans, ceci signifie que les véhicules légers fonctionnant uniquement aux énergies fossiles seront sur nos routes jusqu’en 2060. Ceci n’est pas en cohérence avec le plan climat de la France, qui prévoit la neutralité carbone en 2050.

Plusieurs excellentes mesures de cette loi ne sont pas rendues obligatoires ou ne sont pas financées, limitant leur efficacité. Le forfait mobilité durable, un dispositif central qui doit inciter les citoyens au changement de comportement et favoriser le recours au covoiturage et au vélo pour les trajets domicile-travail, n’est qu’optionnel. Le plan vélo n’est financé qu’au quart de ses besoins identifiés. Tous les territoires en France seront enfin couverts par une autorité organisatrice de la mobilité, mais imposer cette solution sans proposer de nouvelles sources de financement pour ces autorités (les Régions et collectivités locales), c’est s’assurer que le développement des transports en commun restera encore longtemps à quai.

Nos enfants nous demanderont pourquoi, face aux alertes de la communauté scientifique internationale, nous sommes parvenus à nous contenter de si peu. Face à l’urgence climatique, « chaque geste compte, chaque décision compte, chaque année compte » avertit Valérie Masson-Delmotte, vice-présidente du GIEC.

Cette loi serait satisfaisante si nous avions 30 ans pour réussir le virage de la transition énergétique. Or, nous n’avons que 10 ans !

Le projet de Loi d’orientation des mobilités voté par l’assemblée nationale aujourd’hui est une occasion manquée de mettre la France sur les rails des transports décarbonés.  La France continuera encore, pendant plusieurs années, à foncer à plein gaz vers le mur du bouleversement climatique.

Prochaine étape de ce projet de loi : une Commission Mixte Parlementaire (Sénat / Assemblée Nationale), qui va tenter de trouver un compromis. En cas d'échec, les députés auront le dernier mot.
 
(Crédit texte et photo = FNE 74)
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