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LA VOIX DE NOSTERPACA

Grève SNCF et usagers

29 Avril 2018 , Rédigé par La voix de NOSTERPACA Publié dans #DOCUMENT, #débats

Dans un article publié le 27 avril, le quotidien "OUEST-FRANCE" s'interroge sur la nature des associations d'usagers de la manière suivante :

Grève à la SNCF. Qui se cache derrière les fédérations d’usagers ?

NOSTERPACA a été interrogée par l'auteure de l'article dont vous pouvez prendre connaissance ci-après. A noter que c'est la tribune adressée au 1° ministre qui a fait connaître NOSTERPACA dans ces contrées lointaines ...

La SNCF a annoncé vendredi 27 avril qu’elle rembourserait en partie les usagers de TER n’ayant pas pu utiliser leurs titres de transport à cause des grèves des cheminots. Victimes du mouvement social ou nouvel élément dans le rapport de force, qui sont ces associations d’usagers ?

Le mouvement de grève entamé en avril par les cheminots pour contrer la réforme de la SNCF voulue par le gouvernement devrait se maintenir jusqu’en juin, peut-être même se poursuivre en juillet-août. Une perspective qui n’a rien de réjouissant pour les usagers du ferroviaire.

Souvent présentés comme victimes collatérales du mouvement social, les usagers tentent-ils de se positionner comme troisième force dans le bras de fer qui oppose gouvernement et syndicats ? Ils ont en tout cas obtenu des garanties de dédommagement de la part de la SNCF, qui a annoncé baisser de 50% le prix des abonnements de TER en juin. Cette déclaration arrive après qu’une pétition réclamant le remboursement des abonnements pour les jours de grève a récolté plus de 60 000 signatures, ainsi qu’un bel écho médiatique.

Une pétition pour réclamer des dédommagements

Mais qui sont ces associations et collectifs d’usagers ? La pétition en question est portée par la CNCAUT (Coordination nationale des collectifs et associations d’usagers du train), une plateforme de mutualisation lancée par Arnaud Vanhelle, président de l’association Train Life, qui défend les voyageurs entre Lille et Bruxelles. Une trentaine d’associations et de collectifs ont rejoint la CNCAUT depuis le 12 avril, pour obtenir des dédommagements de la part de la SNCF.

 

« Nous n’avons pas vocation à entrer dans le débat politique, nous voulons seulement que les usagers soient pris en compte », explique Arnaud Vanhelle, qui refuse de prendre une position politique sur la réforme et la grève. « Nous sommes les porte-voix sur le terrain, on laisse la FNAUT discuter au niveau national », assure-t-il.

La FNAUT, interlocuteur historique

La Fédération nationale des associations d’usagers des transports (FNAUT) est une structure qui regroupe environ 150 associations et qui entre beaucoup plus facilement dans le débat politique. Au-delà de la question des remboursements, la fédération s’est exprimée sur la réforme et le conflit en cours.

La FNAUT a ainsi adressé dès le 22 mars une lettre ouverte au Premier ministre pour demander une disposition législative qui rendrait obligatoire des dédommagements en cas de grève ou de panne. La fédération s’est aussi adressée aux syndicats, dès le 7 avril, pour déplorer les modalités de grève choisies.

Demande d’un « service minimum »

« Nous demandons aux syndicats d’organiser un service minimum librement consenti et non plus seulement le service prévisible tel que l’imposent les lois », martèle Jean Sivardière, vice-président de la FNAUT. Au droit de grève des cheminots s’opposerait le droit à la mobilité des citoyens.

Face aux cheminots qui revendiquent la défense d’un service public ferroviaire de qualité, le fondateur de la fédération réplique que « c’est le baratin habituel des syndicats, qui se battent pour eux et non pour les usagers ou le service public ferroviaire, sinon ils auraient mis en place un service minimum depuis longtemps et ne refuseraient pas l’ouverture à la concurrence ».

« Pas de terrain commun entre la FNAUT et les grévistes »

La position de la FNAUT sur les cheminots en grève ne surprend pas Vincent Doumayrou, auteur de La fracture ferroviaire, Pourquoi le TGV ne sauvera pas le chemin de fer : « Il pourrait exister un terrain commun entre usagers et grévistes, mais ce n’est pas la position de la FNAUT. »

Particulièrement mobilisée sur la question de la reprise de la dette par l’État, la fédération réclame la reprise du dialogue pour faire aboutir la réforme. Pour Vincent Doumayrou, les éléments de langage utilisés dans la lettre adressée au Premier ministre sont révélateurs des positions de la FNAUT : « elle défend le principe des transports publics et les petites lignes ferroviaires, mais ses arguments de fond sont proches de ceux des opérateurs de transports lorsqu’il est fait mention de "la compétitivité économique et l’attractivité touristique de la France" qui seraient pénalisées par la grève. »

Autre argument qui est régulièrement brandi concernant les déclarations de la FNAUT : son président actuel, Bruno Gazeau, a été pendant plusieurs années délégué général de la fédération patronale UTP (Union des transports publics ferroviaires). L’intéressé rejette toute ambiguïté : « J’estime qu’en ayant fait une pause de trois ans entre mon poste à l’UTP et mon entrée à la FNAUT, ça laisse les choses retomber, il n’y a plus aucun problème. »

Pour Jean Sivardière, qui est allé chercher ce spécialiste des transports, volontiers décrit comme partisan de l’introduction de davantage de logique économique dans le service public, Bruno Gazeau « n’est ni pro-patrons, ni pro-syndicats, il est clairement du côté des usagers ».

Bataille médiatique autour des usagers

Les déclarations de la FNAUT n’ont pas vocation à recouvrir l’ensemble des opinions des nombreuses associations d’usagers existant sur le territoire français. Certaines ont publié une tribune à destination du Premier ministre, "pour défendre le train" Les signataires, qui ne sont pas adhérents à la FNAUT mais plutôt proches des réseaux environnementaux, réclament une place pour les usagers dans les discussions.

« Le gouvernement utilise la figure des usagers pour délégitimer les grévistes, mais sans jamais demander aux usagers leur avis, alors que nous avons des idées, des positions », explique Gilles Marcel, président de NOSTERPACA, association d’usagers des transports publics de la région PACA, signataire de la tribune. Les voyageurs sont affectés par la grève, reconnaît-il, mais « beaucoup comprennent bien ce qui se joue plus globalement, au-delà des gesticulations politiques et syndicales ».

Le son de cloche est le même du côté de l’ACCRET (Association citoyenne Châteaubriant-Rennes en train) : « Nous soutenons la grève des cheminots, qui se bagarrent pour l’avenir du chemin de fer, pas seulement pour leur statut », résume Jean-Claude Roger, membre de l'association.

Ces prises de positions ne convainquent pas Jean Sivardière, de la FNAUT : « Ce sont des associations aux mains de la CGT, qui reprennent les discours des syndicats, qui confondent service public et entreprises publiques. »

Des usagers solidaires des grévistes

La figure de l’usager étant devenue objet d’une bataille médiatique, des collectifs solidaires se sont montés dans plusieurs villes de France. À ParisPoitiers ou encore Rennes, des citoyens organisent des actions de soutien aux grévistes. « Le collectif est né de la volonté de s’opposer au discours dominant, qui présente comme naturelle l’opposition entre grévistes et usagers », raconte Pierre Rouxel du Collectif rennais des usagers pour les services publics et solidaires des grévistes.

Ils sont ainsi une trentaine à venir brandir tracts et banderole lors des journées de mobilisation et de grève des cheminots. « Nous aussi nous sommes touchés par les grèves, mais ces désagréments sont d’une ampleur incomparable par rapport aux dommages permanents que vont causer ces réformes des services publics. » Même chez les usagers, le dialogue reste une pratique compliquée.

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