Quelles perspectives pour les TER PACA ?
C'est une des raisons d'être de nombreuses associations ou collectif d'usagers : le service TER offert en région Provence Alpes Côte d'Azur n'est à la hauteur ni des besoins ni des attentes. Depuis plusieurs mois, la situation est dégradée et l'exaspération des utilisateurs atteint un niveau jamais connu dans notre région. C'est la raison pour laquelle NOSTERPACA a souhaité organiser à l'occasion de son Assemblée Générale une rencontre-débat pour tenter d'approfondir ce sujet dans un cadre constructif.
Ainsi, lundi 16 février après-midi, Jean-Yves PETIT, Vice-Président du Conseil Régional PACA était convié à présenter l'approche, l'analyse et les propositions de l’Autorité Organisatrice des Transports et Philippe BRU Directeur SNCF PACA à développer l'approche, l'analyse et les actions envisagées par l’opérateur.
C'est à partir de l'état des lieux ressenti et vécu par les participants que Gilles MARCEL, secrétaire de NOSTERPACA et pilote du réseau Transports & Mobilités de FNE-PACA a amorcé la discussion. Tout d'abord, il évoque les retours des comités de lignes, révélétateurs d'une profonde insatisfaction qui manifeste, au-delà de la colère, un véritable désespoir des usagers. Il constate depuis quelques mois la multiplication de collectifs d'usagers sur l'ensemble du territoire régional. C'est une situation inédite en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Après une période d'amélioration sensible due à la mise en place du plan Priori T, les retards et suppressions de TER sont repartis à un niveau insupportable pour la mobilité pendulaire. La lente reconquête de confiance a été effacée, le manque de fiabilité éloigne un potentiel énorme de voyageurs du quotidien du mode de transport ferroviaire.
Pour répondre à cette présentation, Philippe BRU a choisi d'être "lucide et transparent" et d'assumer de manière claire les dysfonctionnements qui sont du ressort de SNCF PACA. Pour lui, l'opérateur dispose des moyens de faire mieux. Les causes perturbatrices sont identifiées. Les impacts de chantiers travaux sur les infrastructures, perturbateurs car générant un affaiblissement de la robustesse du système sont un premier sujet. Le second est le développement du nombre des circulations, les limites sont atteintes dans beaucoup d'endroits, les plus connus étant la Côte d'Azur et le noeud de Marseille-Saint-Charles. Les solutions sont à long terme. Autre sujet de taille, la conflictualité a atteint un seuil inacceptable sur la région avec 75 jours perturbés par des mouvements sociaux en 2014. L'objectif est de retrouver une situation semblable à celle antérieure à 2009. La maintenance du parc de matériel fait l'objet d'une gestion déplorable. Le nombre de rames est suffisant en théorie mais il existe une mauvaise organisation. Il manque un schéma directeur car actuellement, par absence d'anticipation, le technicentre de Blancarde est asphyxié. L'objectif est d'optimiser les capacités de maintenance avec un passage des horaires de travail en service continu (3x8). Enfin, l'organisation "pré-opérationnelle" est à revoir dans le traitement des interfaces. Il faut rendre le montage plus robuste. Citant la mise en service de la troisième voie Aubagne-Marseille, Philippe BRU s'interroge sur les ambitions de faire plus de trains et l'affaiblissement des marges de robustesse. Il reconnait les nombreuses défaillances dans la communication et à propos de l'information donnée aux voyageurs, il constate un manque de réactivité et une situation largement perfectible.
Un plan "REBONDS" est mis en place pour repartir de l'avant. Le premier angle d'attaque, le socle de la reconquête est la maintenance du matériel. La situation de PACA est désormais considérée comme un enjeu national, la priorité lui est donnée pour des interventions en grand atelier comme c'est le cas à Nevers. Les premiers résultats sont attendus à une échéance de trois mois. Côté infrastructures, un travail avec SNCF RESEAU est engagé pour traiter des points particulièrement critiques. Plus globalement, la reprise des procédures doit permettre une "excellence opérationnelle".
L'année 2015 sera déterminante. Avec 26 rames livrées, SNCF TER PACA n'aura plus d'excuse ....
Jean-Yves PETIT, Vice-Président du Conseil Régional, a pris la parole pour rappeler les évolutions : depuis la date de signature de la convention Conseil Régional/SNCF en 2007, l'offre a augmenté de 38% et la fréquentation de 24%. C'est une dépense supplémentaire de 100 millions d'euros pour l'AOT (y compris la tarification ZOU).
La région investit dans trois domaines : les infrastructures, les gares et pôles d'échange(accessibilité/parvis/stationnements/...) et le matériel. Concernant la maintenance du matériel, il constate un manque de ressources humaines dans la partrie "infra sncf", ce sujet sera abordé dans le Contrat de Plan Etat/Région pour la période 2015/2020.
Il perçoit comme un élément favorable la nomination d'un Directeur délégué TER pour le département des Alpes-Maritimes. Cet affichage de SNCF marque une volonté d'actions de l'opérateur qui doit se traduire par des résultats.
Enfin, il énumére des propositions qui doivent être des perspectives pour améliorer le quotidien des usagers des transports collectifs dans la région : intégrer dans l'offre régionale les circulations TGV et TET, réfléchir à la manière d'assurer une proximité plus importante, travailler sur l'intermodalité. Il évoque également les services qui pourraient trouver leur place dans les gares, en s'interrogeant sur le statut des éventuels intervenants. Un objectif est aussi d'unifier la tarification pour simplifier la vie de l'usager. L'information reste un point à améliorer même si paca mobilités est un outil déjà opérationel pour l'intermodalité.
Au fil de ces interventions, les acteurs associatifs présents (Anne-Marie TABUTAUD CSCV et membre CESER, Jacques BEVANCON Fédération des CIQ Marseille, Odile RICHARD Action Environnement Estaque, Maurice FRANCESCHI TVD, Jean-Pierre IMBS VRN, Raymond PELLOUX ALAS, Pierre APLINCOURT, FNE PACA, ...) ont fait part de leurs attentes, réflexions et propositions. De nombreux sujets ont été évoqués, depuis la vallée de La Roya au litorral Varois, du Val de Durance jusqu'au Vaucluse sans oublier les différents points nodaux des Bouches-du-Rhône ... Le temps a bien sûr manqué pour des examens approfondis mais toutes ces expressions ont confirmé la forte attente citoyenne d'un système ferroviaire fiable, performant et efficace en Provence-Alpes-Côte d'Azur.
L'ensemble des participants a apprécié la franchise avec laquelle les intervenants ont abordé un sujet sensible, et salué en particulier le ton direct du Directeur de SNCF PACA dont les représentants nous servent le plus souvent de la langue de bois ... C'est bien en abordant la réalité en face que l'ensemble des parties prenantes pourra faire progresser l'intérêt général.