LA PERCÉE ALPINE DU MONTGENEVRE MÉRITE UN GRAND DÉBAT PUBLIC !
Le Mouvement National de Lutte pour l'Environnement, association de type 1901, créé en 1981, et Citoyens 13, association militant pour l’engagement social, la participation des Citoyens à la gestion des affaires de la Cité, la redécouverte du politique, avaient lancé une invitation pour une conférence de presse sur le thème du percement ferroviaire sous le Montgenèvre (Briançon-Val de Suse)
Christian PELICANI, président de Citoyen 13, en nous présentant son association nous a d’abord dit que celle-ci se battait depuis plusieurs années pour cette percée dans les Alpes du sud, ajoutant que les obstacles, politiques notamment, étaient nombreux et qu’il souhaitait vivement que l’on puisse collectivement faire avancer ce projet déterminant pour notre région, en raison de son impact économique. Selon lui la première étape serait d’arriver très vite au débat public, car comme cela a été le cas pour le TGV Lyon-Marseille cela permettrait d’accélérer ce projet. Il a permis, en effet, à Marseille d’être mieux connecté à la capitale et plus largement à l’Europe. Il a ensuite cité plusieurs lignes ferroviaires de la région sur lesquelles des travaux étaient engagés ou prévus, notamment celle qui relie Gardanne à Carnoules pour laquelle, cependant, on ne voit rien venir. Il demande ensuite que les élus régionaux, et en premier lieu ceux de l’actuelle majorité, de se mobiliser fortement pour obtenir des avancées significatives dans le cadre des discussions sur le futur contrat de plan État-Région, afin que la région puisse dans un avenir le plus proche possible bénéficier d’un système ferroviaire à la hauteur de ce qui est nécessaire pour faciliter la vie des régionaux ainsi que pour diminuer les embouteillages et la pollution.
M.PELICANI passe ensuite la parole à Alain PATOUILLARD du MNLE qui, lui, développera le caractère indispensable d’un tunnel sous le Montgenèvre. Il constate en premier lieu que la région PACA se trouve à l’écart des grands réseaux de transports européens, ce qui constitue un réel handicap pour la troisième région économique de France. Il rappelle que le Grenelle de l’environnement avait donné la priorité au rail, en particulier pour le fret. Or à l’heure actuelle le fret ferroviaire ne représente qu’une part infinitésimale des échanges, en particulier vers l’Italie où il est proche de zéro à Vintimille. C’est de ce point de vue, mais pas seulement, qu’une percée dans les Alpes du sud entre Briançon et Oulx est indispensable. Le projet, à ce jour, a été jugé non rentable et ne pouvait, donc, être mis au débat public. Un bureau d’études, mandaté par la Région, le cabinet ARCADIS, a rendu un travail très insuffisant par sa qualité. Or, là nous sommes confrontés à un calendrier très serré pour aboutir, au cas où le débat public serait lancé.
Jean-Claude JUAN intervient pour demander s’il existe une réelle volonté au Conseil Régional de voir aboutir le projet de tunnel. Il ajoute, nous en sommes encore à penser dans la Région que le , complémentarité entre eux.
M. ESTELLA nous livre son insatisfaction, en tant qu’usager, quant au fonctionnement de la ligne Marseille-Briançon alors qu’elle représente un facteur de développement pour les Alpes du sud. La population selon lui ne croit plus à l’amélioration de cette ligne. Il insiste ensuite sur les capacités de développement du GPMM grâce au tunnel du Montgenèvre.
La Région ayant été interpellée à plusieurs reprises, Stéphane COPPEY du Conseil Régional, va s’attacher à y répondre. Il insiste d’abord sur la nécessité d’une mobilisation citoyenne pour ce projet, la Région reste, en effet, porteuse de ce projet au plan politique. Il est vrai par ailleurs que la Région est très sollicitée sur la question des transports et qu’elle ne peut répondre à tous les besoins. Nous avons mis la pression sur l’État et sur RFF dans le cadre de la négociation sur le futur contrat de plan. On en est à négocier le maintien de la liaison Mont-Saint-Aignan, mais nous négocions aussi sur la ligne Aix-Rognac, sur celle de Gardanne-Carnoules. On devrait aussi lancer des études pour 2 millions, l’État ne nous suivant pas dans ce domaine. Nous devrions avoir 600 millions d’€ pour mettre à niveau 70 kms de lignes et 20 millions sur Aix-Rognac.
Pour ce qui est du trafic de marchandises il est nécessaire de disposer de services. Nous avons réussi un minimum d’activités à CLESUD il existe aussi des projets avec la RDT 13. Sur la ligne du Val de Durance et afin de la maintenir, il est clair qu’il faut défendre le tunnel sous le Montgenèvre. Il y a par ailleurs, nécessité de rénover les voies Marseille-Aix, Aix-Manosque pour accroitre notamment le trafic fret. Pour S.COPPEY tout porte à croire qu’il ne se fera pas car trop cher, le tunnel de Modane à Bardonecchia ayant des capacités non utilisées, le Montgenèvre pourrait alors se substituer au Lyon-Turin. Il nous faut convaincre sur un seuil de fréquentation du Montgenèvre pour arriver au débat public dans une présentation du projet à Bruxelles.
Pour Jean-Pierre HUCHON cela ne suffit pas, il faut également que la Région respecte les procédures, en particulier en ne sous estimant pas le coût des travaux comme cela a déjà été fait lors d’une précédente présentation du projet à Bruxelles. On constate que d’autres régions françaises ou étrangères adoptent des stratégies différentes lorsqu’elles maximisent les coûts des travaux. Par exemple, en 2005, pour qu'un projet soit éligible au RTE-T, la Commission européenne exigeait que son coût dépasse 0,15 % du PIB du pays hôte et 0,15 % de la somme des PIB des 2 pays en cas de projet transfrontalier. Il faut aller au débat public encore faut-il y aller sérieusement.
Jean-Marc COPPOLA (vice-président du Conseil Régional) affirme que la Région à l’heure actuelle a un affichage politique plus qu’une volonté politique pour la percée sous les Alpes du sud, alors qu’on constate aujourd’hui que des moyens ont été débloqués pour achever la L2 à Marseille. Dans la négociation qui est actuellement engagée, l’État ne manifeste pas d'une réelle volonté pour développer le ferroviaire, alors que celui-ci constitue un impératif pour que le port de Marseille-Fos puisse développer son hinterland.
M.MAZELLA qui représente l’association ALAS, implantée dans les Alpes du sud nous dit alors que les entreprises des départements 04 et 05 ont un besoin absolu du tunnel pour se développer ou pour créer de nouvelles activités car il s’agit d’assurer un débouché vers le Piémont, une des plus riches régions européennes, notamment par son industrie. D’un autre côté, Vintimille va continuer à crouler sous le poids des camions. Il insiste aussi sur le fait qu’il est vital de ne pas rater le dessin d’un futur tunnel. La rénovation de la ligne Briançon-Marseille doit être prolongée vers Montpellier, Avignon et Pertuis. Avec son association il a commencé à faire une tournée des maires afin que ces communes prennent une délibération commune sur le Montgenèvre afin de faciliter l’ouverture d’un débat public. Il nous signale aussi l’intérêt qu’il y aurait à faire appel à un cabinet de consultant comme INEXIA.
JP FONTENELLE propose que l’on s’intéresse beaucoup plus aux autoroutes de la mer pour les liaisons sur l’arc méditerranéen.
Gilbert SOULET intervient ensuite pour nous dire que la proposition de Jean-Louis BIANCO pour rapprocher la SNCF de RFF en créant un 3ème EPIC ne fera que rajoute r à la complexité actuelle. Il indique aussi qu’il existe des problèmes quant aux compétences et aux moyens des collectivités en matière de transport. Il nous dit aussi que, malheureusement, la Fédération cheminots de la CGT est d’abord concentrée sur le Lyon-Turin. Il rappelle aussi la nécessité pour la ligne alpine et ses connections de Cheval Banc, près de Cavaillon, et de sa bifurcation.
Jean-Claude JUAN reprend alors la parole pour rappeler que le projet de tunnel a une dimension européenne car il s’agit d’une question d’infrastructure transfrontalière d’ordre stratégique. S’agissant d’un méga projet et pour obtenir un consensus institutionnel Il faut un chef de file, or, il n’y en a pas. Pour lui, le Grand Port Maritime de Marseille devrait être ce chef de file. L’État a toujours bloqué le projet au niveau de sa présentation.
Pierre CALFAS nous dit qu’il ne croit pas vraiment à la solution maritime, un cargo c’est 100 semi-remorques et jusqu’à présent les projets de cabotage ont échoué. Par ailleurs il estime que 2 millions d’€ seulement pour les études pour la région c’est nettement insuffisant pour préparer le débat public. La Région ne pourra se battre seule sur un tel enjeu, elle a besoin des autres, du GPMM et bien d’autres encore. On constate qu’à l’heure actuelle les travaux pour la ligne Gardanne-Carnoules ne fait pas l’unanimité des collectivités. Les départements ne s’engagent pas, pas plus que la CAPA (Aix).
Jean-Pierre HUCHON nous demande de regarder de plus près ce que font d’autres régions, notamment à propos du Lyon-Turin pour lequel la rentabilité est évalué à 10 % alors que pour celle du Montgenèvre elle est calculée en intégrant l’intégralité du projet.
M.PELLICANI en concluant son propos fait part de son souhait que les associations qui défendent le projet d’un tunnel sous le Montgenèvre puissent continuer ensemble ce combat nécessaire.
Tous ces propos ayant largement nourri la conférence de presse de Citoyen 13 et du MNLE, ces deux associations nous ont proposé une légère collation au cours de laquelle les débats ont pu se poursuivre.
Récit de Gilbert JEAN Crédit photos Gilbert SOULET
Cette initiative est également l'occasion de se remémorer le positionnement de NOSTERPACA, par exemple en relisant l'article ci-après :