Quelles propositions pour une politique des transports cohérente avec l’objectif de la neutralité carbone en 2050 ?
TDIE (Transport Développement Intermodalité Environnement) est une association réunissant l’ensemble des acteurs des différents modes de transports. Elle s'est adressée aux candidats aux élections présidentielles afin de connaître leurs propositions.
Selon le journal Mobilités Magazine n°58, les transports publics et la mobilité collective ne sont pas au cœur des programmes des candidats à l’élection présidentielle de 2022. Exception faite pour La France Insoumise, les Verts et le PC qui ont détaillé des actions dans ce domaine. Étonnant, non ?
Le questionnaire TDIE, était centré sur le défi de la mise en œuvre d’une politique des transports cohérente avec l’objectif de la neutralité carbone en 2050. Six réponses ont été reçues :
- Nathalie Arthaud, Lutte ouvrière ;
- Anne Hidalgo, Parti socialiste ;
- Yannick Jadot, Europe écologie les verts ;
- Marine Le Pen, Le Rassemblement national ;
- Jean-Luc Mélenchon, La France insoumise ;
- Valérie Pécresse, Les Républicains ;
- Fabien Roussel, Le Parti communiste français.
La plate-forme du conseil scientifique est accessible par ce lien :
Dans le document qui suit, le Conseil scientifique de TDIE propose quelques éléments de mise en perspective des réponses des candidats. La plupart des réponses ont été reçues à partir du 16 mars.
Compte-tenu de l’angle général du questionnaire, centré sur le défi de la mise en œuvre d’une politique des transports cohérente avec l’objectif de la neutralité carbone en 2050, les candidats qui ont répondu à la sollicitation du Conseil scientifique de TDIE ont développé une réflexion originale et argumentée qui mérite d’être appréhendée dans sa cohérence globale.
Cette mise en perspective est construite en reprenant le plan du questionnaire ; elle propose principalement l’identification des points de convergence et de distinction entre les différentes propositions, afin de contribuer à la compréhension des enjeux qui suscitent du consensus ou du débat.
TDIE remercie vivement et chaleureusement les candidats et leurs équipes qui ont contribué à cet exercice démocratique important pour l’avenir de nos systèmes de mobilité.
Décarbonation : consensus pour le déploiement d’une stratégie d’intérêt général dans le secteur des transports
La place du secteur des transports dans les émissions de gaz à effet de serre est reconnue par tous les candidats, ce qui légitime un effort particulier pour assurer la baisse des émissions. Cependant, si les candidats semblent se rejoindre sur la nécessité d’assurer la trajectoire, les solutions proposées et les modalités de répartition de l’effort varient significativement.
Globalement, les candidats ont bien identifié trois grands segments de mobilité, qui sont l’objet d’offres différentes : déplacements urbains dans le cœur des agglomérations, dans le périurbain, et interurbain.
Dans ce cadre, quatre leviers suscitent des propositions convergentes, avec quelques nuances :
- Assurer le développement du véhicule électrique : les candidats reconnaissent la place incontournable de la voiture dans les déplacements, et par conséquent la nécessité d’en assurer la décarbonation. Ils se projettent dans un soutien à l’industrie automobile pour sa conversion à l’électricité, au développement du réseau des bornes de recharge, et à l’achat des véhicules par les particuliers.
- Assurer le développement d’offres alternatives, en invoquant le transfert modal, qu’il soit classiquement orienté vers la massification des transports collectifs (en zone urbaine ou pour les déplacements interurbains) ou les mobilités actives, avec un soutien au développement de l’usage du vélo. Pour ce faire, les candidats proposent d’augmenter les efforts d’investissement dans les réseaux ferrés, qu’ils soient urbains ou interurbains. Deux candidats proposent de financer la gratuité des transports publics urbains (Mélenchon, Roussel), Roussel propose de réduire le coût des billets de train de 30%.
- Pour le fret et la logistique, ils souscrivent globalement à une meilleure utilisation et un renforcement de l’entretien des infrastructures ferroviaires et fluviales avec notamment un appui à la perspective du développement du fret ferroviaire et fluvial. Le développement des offres de services et de l’industrie de la construction (wagons, bateaux) en France doit accompagner l’effort de verdissement engagé par le transport routier de marchandises.
- Aménagement du territoire et décentralisation : les candidats ont bien identifié la nécessité de travailler en concertation avec les collectivités territoriale, et renvoient facilement à la question de l’aménagement du territoire pour invoquer des politiques incitatives, sans cependant se prononcer sur leur contenu et encore moins les échéances de leurs effets.
Pouvoir d’achat, équité sociale, répartition de l’effort entre la collectivité et les acteurs économiques (consommateurs et employeurs)
- La mobilité est perçue comme un droit, de manière plus ou moins explicite, qui se traduit par un refus général de politiques de limitation ou rationnement de la mobilité, refus souligné lorsque ces politiques de régulations sont susceptibles d’être aveugles aux inégalités sociales.
- Le pouvoir d’achat s’impose comme l’un des thèmes majeurs de la campagne : visiblement, l’ensemble des candidats a préféré présenter des mesures d’incitation (amélioration de l’offre, aides et subventions diverses) pour favoriser l’usage de mobilités plus propres, plutôt que le paiement des externalités par les consommateurs. Le deuxième marché du carbone n’est cependant pas écarté.
- Les politiques d’aménagement du territoire apparaissent comme un levier d’intervention à mobiliser pour favoriser une évolution de l’organisation territoriale, certains candidats évoquant même le terme de planification (Pécresse, une occurrence, Mélenchon, six occurrences).
- Dans ce cadre, le principe pollueur-payeur ne fait pas l’unanimité s’il n’est pas assorti de dispositifs de compensation selon les capacités à payer.
Ainsi, les ZFE (Zones à Faible Émission) et le péage urbain suscitent des réactions contrastées.
Pour en savoir plus, prendre connaissance des réponses apportées par les candidat.e.s :