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LA VOIX DE NOSTERPACA

Relancer le débat

30 Juillet 2020 , Rédigé par La voix de NOSTERPACA Publié dans #Alpes-frontière Italie-France, #Val de Durance-Alpes-Montgenèvre

Le débat autour d'une percée ferroviaire sous le Montgenèvre était inscrit dans les derniers CPER (contrats de plan État Régions). La faible implication des élus régionaux sur ce dossier a permis que ce débat (dérangeant ?) ne se tienne pas. La conséquence est un abandon de fait de la ligne ferroviaire du Val de Durance dont la dégradation de l'offre de service est une véritable invitation à l'usage de la voiture individuelle.

Jean-Pierre HUCHON, membre de NOSTERPACA, saisit l'opportunité de la mise en place d'un nouveau gouvernement pour rappeler les enjeux au nouveau Secrétaire d’État Joël Giraud :

Monsieur Joël Giraud
Secrétaire d’État chargé de la Ruralité, auprès de Madame la Ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales
20, avenue de Ségur
75007 Paris

Marseille, le 28 juillet 2020
Objet : Désenclavement des Alpes du Sud
Liaison ferroviaire val de Durance-Italie par le tunnel du Montgenèvre

Monsieur le Secrétaire d’État,

Je vous prie de bien vouloir accepter nos félicitations pour votre nomination à notre Gouvernement, en tant que Secrétaire d’État chargé de la Ruralité. Nous vous souhaitons pleine réussite dans cette importante responsabilité.
Il nous semble nécessaire et opportun de vous faire part respectueusement de nos travaux sur l’enjeu du désenclavement des Alpes du Sud, enjeu que vous connaissez très bien et sur lequel vous vous êtes fréquemment exprimé.
Ce désenclavement, humain et économique, des Alpes du Sud vers l'Italie du nord, les nouveaux tunnels suisses et les pays de l’Europe centrale et orientale (PECO) implique de réaliser le maillon ferroviaire manquant entre Briançon et l’actuel axe ferroviaire Lyon-Turin. Cet enjeu suppose de réaliser au plus tôt la percée ferroviaire sous le Montgenèvre.
La DATAR nous rappelle fréquemment que le département des Hautes Alpes est devenu le territoire le plus enclavé de la France continentale.
Les annonces récentes du Gouvernement, en faveur d’un renouveau ferroviaire, offrent une opportunité exceptionnelle pour permettre aux Hautes Alpes de sortir de leur enclavement.
Vous savez que la vocation de cette liaison ferroviaire val de Durance-Italie par le tunnel du Montgenèvre est d'assurer un service global : voyageurs, ferroutage et fret régional.
Cette approche coordonnée doit s’inscrire dans une vision à moyens et longs termes, permettant de conjuguer harmonieusement le transport des voyageurs et des marchandises, la mobilité du quotidien et les déplacements à longue distance, la compétitivité économique du territoire et l’exigence environnementale des Alpes du Sud.
En réalisant l'actuel maillon manquant au-delà de Briançon, cette liaison ferroviaire Marseille-Turin utilisera et pérennisera définitivement l'actuelle voie du val de Durance, dont l’avenir semble incertain, si le cul-de-sac ferroviaire actuel de Briançon durait encore trop longtemps.

Entre les deux grands couloirs de communication, vallée du Rhône (axe sud-nord) et littoral méditerranéen (axe ouest-est), cet axe ferroviaire constituera une diagonale régionale stratégique pour l’arrière-pays alpin du sud. Ce désenclavement permettra également d’ancrer le sud-est français dans une dimension européenne, par des échanges directs et facilités, conformément aux préconisations retenues par le réseau transeuropéen de transport (RTE-T).
Un tel projet, dans une perspective de développement durable, détient un fort potentiel économique et de créations d'emplois pour notre territoire, tout particulièrement pour les stations touristiques sud-alpines et les activités économiques du littoral méditerranéen.
Notre stratégie préférentielle reprend celle préconisée en 2004 par le rapport Bradbourn du Parlement européen. Cette expertise européenne conclut à l'urgence de "compléter le projet prioritaire de la plaine du Pô par la liaison Marseille-Turin, via le tunnel du Montgenèvre", afin "d'assurer un réel désenclavement des régions frontalières et de la vallée du Rhône". Ce rapport européen précisait que le tunnel ferroviaire du Montgenèvre devait être réalisé à l’horizon 2015 pour assurer la cohérence avec la mise en service des nouveaux tunnels suisses.
Le Schéma interrégional d’aménagement et de développement du massif des Alpes, publié en 2006, rappelle que "le tunnel sous le Montgenèvre constituera une infrastructure complémentaire majeure pour les voyageurs, notamment pour le département des Hautes-Alpes dont l’économie touristique est fragilisée par la faiblesse de l’offre ferroviaire, due à l’éloignement de ce département du réseau TGV".
En comparant les stratégies des territoires voisins, nous constatons que, dans les Alpes du Nord, le corridor Lyon-Turin dispose déjà de trois tunnels transalpins, deux autoroutiers (Fréjus et Mont-Blanc) et un ferroviaire (Mont Cenis). Les autorités de Rhône-Alpes militent aujourd'hui pour obtenir un quatrième tunnel en demandant le doublement de l'axe ferroviaire Lyon-Turin.
A contrario, les Alpes du Sud ne disposent d'aucun tunnel transalpin pour atteindre la plaine du Pô et les nouveaux tunnels suisses. Un tel décalage dans les équipements hautement stratégiques de deux régions voisines justifie une réflexion sur la pertinence comparée des choix effectués jusqu'à présent en ce domaine essentiel.
Le bouleversement dans les flux transalpins, induit par la nouvelle politique fédérale suisse des transports, a engendré un effondrement du trafic ferroviaire pour le corridor Lyon-Turin.
Mais, a contrario, cette stratégie suisse place idéalement le passage du Montgenèvre dans le prolongement direct des nouveaux tunnels suisses, Lötschberg-Simplon et Saint Gothard. Ces nouveaux tunnels créent une opportunité stratégique majeure pour les Alpes du sud, devenant directement accessibles par le RTE-T, si la liaison manquante du Montgenèvre est réalisée.
La percée ferroviaire sous le Montgenèvre était d’ailleurs, à juste titre, un des objectifs prioritaires retenus par le programme électoral de l’actuelle majorité de notre Conseil régional.
Je joins quelques extraits de documents qui peuvent apporter un complément à votre expertise.
Je me tiens à la disposition de vos services si vous estimez souhaitable d'approfondir cette analyse.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Secrétaire d’État, l’assurance de ma haute considération.

Jean-Pierre HUCHON

PCAT Provence Alpes
Prospective, compétitivité et aménagement du territoire

Intelligence économique territoriale

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